Wonder Woman VS Captain Marvel
Bonjour/Bonsoir ! Aujourd’hui un sujet qui fait un peu polémique : les héroïnes dans les films de supers-héros. Avec la sortie de Captain Marvel il y a quelques mois et de Wonder Woman en 2017 on pose beaucoup la question des présences des femmes mais surtout du féminisme dans ce genre de cinéma réservé aux hommes.
Les femmes dans les films de supers-héros
Chez Marvel, mis à part Black Widow (Avengers) et Pepper Potts (Iron Man) les personnages féminins ont longtemps étés absents ou au troisième rôle au fond de la scène. Et encore. Black Widow n’est pas un personnage très développé et Pepper est le cliché de l’assistante qui tombe amoureuse de son patron (même si dans IM3, elle prendra un peu de grade).
Chez DC on a Catwoman ; une super-héroïne indépendante, voleuse. Mais (car il y a un mais…) : habillée tout de cuir ou de latex moulant ; quelques soient les versions. Un peu sexiste, non ?
Il faudra attendre 2014 avec Les gardiens de la Galaxie pour avoir un personnage féminin un minima badass et loin des clichés du genre : Gamora. Elle sera suivie par l’actrice Cate Blanchett dans le rôle de la sœur maléfique Hela dans Thor : Ragnarok ainsi qu’un magnifique trio issu de Black Panther : Nakia, Okoye et Shuri.
La relève est là mais elle reste encore trop discrète et encore (trop) sexualisée.
Wonder Woman, ou l’anti-féministe dans sa grande splendeur.
Il existe des personnages féminins dans l’univers DC : Harley Quinn, Bat girl, Cat Woman, Super girl, Pandora… (N’ayant pas regardé la série Super girl, on évitera d’évoquer son cas ici !)
Pour tous ces personnages, il s’agit toujours de protagonistes secondaires, à l’exception d’une personne. Wonder Woman.
La plus connue, mais également la seule à avoir eu un film à son effigie est Wonder Woman (il y a aussi eu Catwoman en son temps mais je préfère ne pas m’étaler sur le sujet..), et quel film !
Quand le film Wonder Woman est sortie, la presse (et beaucoup de personnes) parlaient d’un film féministe et engagé, qui mettait les femmes à l’honneur. FAUX.
Premièrement (et c’est la chose la plus importante), l’hypersexualisation du personnage et sa non-modernisation. Depuis quand un corset, une mini-jupe et des bracelets arrêtent les balles et les agressions physiques ? Ce costume, mettant en avant le corps de la femme, n’est-il pas modernisable tout en gardant les couleurs et les symboles ? Pourquoi Wonder Woman ne pourrait-elle pas avoir une armure/un pantalon qui la protège ? Parce qu’il faut mettre en avant son corps ? Oui, on fait bien la même chose avec Superman et Batman en collants mais leurs « atouts » restent moins exposés car cachés par une couche de textile. On reste donc encore et toujours dans les clichés et la sexualisation habituelle que l’on rencontre habituellement, et Wonder Woman ne révolutionne ou ne rend pas le propos plus « engagé » ou « féministe », loin de là !
Toujours dans une non-logique : sa pilosité et son maquillage. Cliché parmi les clichés, malgré la pluie, le vent, les explosions, la terre ou tout autre élément extérieur l’héroïne sera toujours impeccable. Les cheveux seront toujours bien mis en pli, le teint frais (avec un peu de terre), le mascara non coulant. A quel moment cela est-il réaliste ?
Comment pouvons-nous demander aux petites et jeunes filles de prendre pour modèle une femme qui est apprêtée peu importe la situation ? Oui c’est du cinéma. Oui, c’est une déesse. Mais non ce n’est pas féministe.
Viens suite le cas délicat des poils. L’épilation a toujours existé, et elle est commercialisé en 1915 avec Gilette et un rasoir pour les femmes. Or, ce cas est spécifique aux femmes terriennes. Là si on suit un peu Wonder Woman est une amazone qui vient d’une autre planète. Et si on en croit les rumeurs, ce n’était pas des femmes qui se souciaient vraiment de leur apparence. Alors pourquoi vouloir à tout prix raser les aisselles de cette héroïne qui ne devrait se concentrer que sur sa mission qui est de sauver le monde ? Là encore ça aurait fait un joli message : tu peux être une héroïne ma fille, être féminine, forte (physiquement et mentalement) tout en ayant des poils sous les bras. Mais non. Merci le patriarcat et les magazines.
Ensuite, le cliché de la femme forte mais au sens littéral uniquement. Alors elle est forte Wonder Woman, c’est un fait, peut être même un peu trop. Le film use et abuse des effets spéciaux et des ralentis (salut les boobies rebondis) pour mettre en avant sa force sur-humaine quitte à la rendre ridicule. Mais c’est tout. Au delà de sa force extraordinaire et de son incompréhension de la société menée par les hommes (quand même) et ses blagues en décalage entre son monde et le nôtre, il ne reste pas grand-chose de notre chère Gal Gadot.
Enfin, une femme sans un homme ça n’existe pas. Les amazones, peuple de femmes indépendantes se retrouvent envahies par des hommes qui décrètent que des femmes seules ce n’est pas viable. Vous avez besoin d’un homme pour mettre un peu d’ordre dans votre vie, c’est bien connu.
Pendant le film notre Wonder internationale va tomber amoureuse du colonel : peut-on faire encore plus cliché que ça ? L’amitié homme-femme n’existe pas. Elle devra aimer un homme pour garder un souvenir mémorable et douloureux de cette première expérience sur terre plutôt que de finir en bons copains autour d’une bière ?
Wonder Woman fait plus de mal que de bien aux féministes en jouant avant tout sur sa force physique et pas vraiment le reste. La multitude de détails évoqués ci-dessus me donnent l’impression d’avoir à faire à un film où les féministes existent avec obligatoirement une part de féminité. Sous-entendant que les être non-féminines et féministes ne sont pas compatibles.
Bonus : se battre contre des nazis pendant la première guerre mondiale, ce n’est pas possible.
Captain Marvel : comme un homme
A l’inverse de sa compère, Captain Marvel est un film féministe sur bien des aspects : tenue, faciès, indépendance. Il n’est pas parfait mais on s’en approche.
Le droit de ne pas sourire et d’être confortable. Un détail qui avait fait sortir de leurs gonds les anti-féministes est que Captain Marvel ne sourit pas beaucoup. Elle ne fait pas la gueule mais ne passe pas son temps dents dehors comme beaucoup de femmes dans leur monde idéal. Ce n’est pas parce qu’on est une femme que l’on doit sourire H24.
Notre Captain n’a pas eu droit à un costume sexy. Une tenue à ses couleurs, proche du corps pour les mouvements mais sans hypersexualisation. On remarquera également pendant le film qu’elle ne porte pas de haut moulant, décolleté ou de débardeur (éviter la polémique des poils ?). Captain est habillée comme n’importe quelle femme dans la rue.
Enfin l’absence de maquillage (visible), les cheveux en bataille après les combats et l’absence de brushing de façon globale. Captain Marvel est au plus proche des femmes que l’on croise tous les jours par sa simplicité. Et c’est aussi ça le féminisme, représenter toutes les femmes et surtout celles du quotidien.
Une genèse héroïque. Captain Marvel n’es pas juste une extra-terrestre, c’est avant tout une pilote dans l’armée de l’air et l’une des pionnières dans son corps de métier ! Conforme aux dates et à l’uniforme, on a encore là une belle représentation d’une femme moderne !
Surtout que le personnage de Captain Marvel est… un homme dans les premières versions des comics ! Cela a évolué avec les dernières sorties mais historiquement c’est encore un personnage masculin qui sauve la planète… #boring.
Une indépendance totale. On ne le répétera jamais assez mais une femme peut vivre sans un homme à ses côtés et ainsi éviter l’histoire d’amour cuculapraline avec un homme et ne pas tomber dans le cliché des meilleures amies femmes qui s’aiment secrètement est une belle avancée dans l’image de la femme.
Alors oui, certains passages du film sont maladroits. En voulant appuyer la femme on joue sur les clichés ; avec par exemple la chanson « I’m just a girl » pendant la scène de combat. Un film ne peut être parfait et celui-ci rempli déjà beaucoup de critères dans le genre « film féministe ».
Des solutions ?
Féminiser des personnages masculins ? On rappelle que les comics ont étés écrits dans les années 1935-40 pour les premiers, donc dans une ambiance assez misogyne.
Comme on a pu le voir dans Doctor Strange avec le personnage de l’Ancien interprété par Tilda Swinton ou celui de Nova-Prime interprété par Glenn Close.
Parler des univers parallèles où les femmes sont bien plus développées comme a pu le faire Spiderman : New Generation avec Gwen Stacy. Jeune femme qui est la Spiderman de son univers.
Tout est possible ! J’espère que les nouvelles générations de Justice League et Avengers sauront continuer dans cette voie.
2 Comments
c’est en voulant démontré quelque chose qu’on s’en éloigne le plus…
il suffirait de faire un film avec une héroine (crée de toute pièce et non un copycat/réadaptation) sans chercher à favorisé le féminisme ou autre combat et on aurait quelque chose de plus cohérent
suffit de voir le regroupement des femmes dans end-game lors de la grand bataille pour souligner le coté ridicule du girl power…
Une critique qui donne à réfléchir, et a la capacité de traiter en perspective historique le cinéma de super-héroïnes. Finalement le cinéma américain s’adapte, comme il a toujours su le faire, mais plutôt intelligemment, même si c’est avec retard et trop grande prudence.
La critique a le mérite de poser des questions, (l’amitié; les sentiments à l’évidence réservé aux homme; l’allure que DOIT avoir la femme, ans la vie, comme au cinéma : poils et maquillage).
Voilà de quoi attaquer du grand écran avec des lunettes élargies !
Lampéduse