La Tour au-delà des Nuages

La Tour au-delà des Nuages

Kazé – Sorti le 11 Janvier 2017 en Bluray/DVD, dès 9,49€

Réalisé par Makoto Shinkai

 

 Suite au succès mondial que connait actuellement son dernier film Your Name, Makoto Shinkai commence à se construire une solide réputation chez les fans et néophytes de l’animation japonaise aux côtés des plus grands tels que Miyazaki. Pourtant, ce réalisateur a pu nous montrer l’étendu de son talent bien avant cette ascension fulgurante avec pas moins de 4 long-métrages à son actif depuis 2004. Nous souhaitons aujourd’hui parler de son tout premier film à l’occasion de sa réédition physique en France : La Tour au-delà des Nuages. Le génie Shinkai y dépose alors sa marque de fabrique au travers une maîtrise des lumières, son goût pour les récits emberlificotés, les voyages dans le temps, et les premiers émois adolescents. 

 Voici donc quatre points positifs et deux points négatifs sur ce bijou d’animation.

 

Plus + tableau

  • Un esthétisme envoûtant

C‘est sans doute cette lumière qui inonde tout le film qui définie le style Shinkai puisque ces rayons solaires en frappant les lieux et personnages leur confèrent une dimension onirique et mélancolique reflétant les sentiments émanent de chacun de nos héros. Des sensations accentuées dont le rythme langoureux se confond autour d’un thème majeur : la promesse. Promesse d’une évasion, d’une aventure, mais la promesse d’un amour platonique impossible à oublier bien que difficile à concrétiser. Bien que certains scènes ressemblent à des esquisses de Your Name ( comme la scène des retrouvailles entre nos deux héros sous un fond de soleil couchant), le film a une réel identité esthétique propre à lui au travers des scènes d’avions, et le ciel sublimé par l’immense tour blanche (porteuse de nombreuses promesses pour les différents protagonistes).

 

  • Des personnages non stéréotypés

Le réalisateur prend son temps pour dresser les portraits de ses personnages, riches et très humains, à tel point qu’on en oublie rapidement qu’il s’agit de figures animées. Chaque spectateur pourra s’identifier aisément à l’un des trois personnages principaux tant qu’il incarne chacun des valeurs fortes. L’amitié qui les relie est magnifiée par une mise en scène pleine de symboles qui met en valeur chacun des protagonistes: paysages nocturnes associés aux bâtiments militaires à l’image du sérieux Takuya, des scènes imbibées de la lumière du soleil matinal pour la rêveuse Sayuri pour finir sur une ambiance crépusculaire pour le mélancolique et l’indécis Hiroki. Bien que les rares personnages féminins sont un peu reléguées au rang de spectatrice des événements, la psychologie des héros principaux rattrape le tout. 

 

  • La beauté de l’âge adolescent

Evoluant dans des mondes opposés (le rêve pour Sayuri, la réalité pour Hiroki) la tour agira comme une sorte de passerelle mentale (ce n’est jamais clairement explicité mais c’est une interprétation possible). Mais n’est ce pas non plus une opposition du monde de l’enfance naïf, plein de promesses face à celui de l’adulte oppressant et incertain ? Le film raconte la période adolescente avec une subtilité sans pareil :  c’est le prétexte des mondes parallèles qui permet de mettre en valeur les doutes, les aspirations, les désirs, les premiers amours et rivalités … bref les expériences typiques de l’adolescence ! Cet aspect school-life permet de jongler aisément entre illusion et réalité, entre comédie et drame. Avec un scénario osant mêler le SF, le fantastique, le drame, l’action et la romance on ne peut y retrouver son compte. 

 

  • Un scénario à fort potentiel…

Si c’est la romance adolescence qui fascine le plus Shinkai, il n’en oublie pas de livrer une vraie histoire forte en message tant sur le fond. Le principe même d’un Japon Uchronique est tout simple fort en potentialité scénaristique. Avec un brin de naïveté, il place délicatement ses héros dans un contexte de guerre imminente, avec certes l’illusion d’un Japon réunifié, et d’une arme à travers l’immense tour séparant les deux territoires. De plus, l’ajout du thème des mondes parallèles accentue le côté fantastique dont le spectateur ne manquera d’interpréter les multiples symboles selon sa vision de l’histoire. La mort et la fin de l’humanité planent autant sur le film que cette quête pour réaliser une promesse et pour nos deux héros vivre leur amour au grand jour. Comme motif récurrent de l’animation japonaise, l’héroïne Sayuri symbolise deux chemins potentiels de vie pour notre héros Hiroki : tiraillés entre sa mission divine (sauver les humains) et sa destinée personnelle (vivre une histoire d’amour). Un film qui se veut optimiste, développant un discours sincère sur la notion de destinée, sur comment les êtres sont prêts à tout sacrifier pour se retrouver. C’est d’un romantisme absolu, le tout enrobé de d’une lumière bienveillante, comme pour adoucir la noirceur de ce qui se trame en fond.

 

Moins -

  • mais qui nous déroute par une conclusion bâclée

Les conditions de construction de la tour, son fonctionnement, son but ne nous seront jamais dévoilés. Tout au plus apprendrons-nous qu’elle semble être le pivot de mondes alternatifs qu’elle superpose à la réalité. De même, le point de vue de l’Union ( île ayant construit la tour) ne sera jamais mis en avant alors que leur peuple semble susciter fascination et rejet. Et d’ailleurs pourquoi se dénommer l’Union ? Et si le but recherché était une unification totale du Japon jusque dans la structure même de réalités alternatives ? Des interrogations laissées à l’appréciation de chaque spectateur ( ce qui n’est pas non plus désagréable !). De même, le fait que l’histoire se situe sur plusieurs périodes de la vie le rythme de nous permet pas de s’attarder sur la période « jeune adulte » de nos héros. Les retrouvailles ainsi que les décisions dans la dernière partie du film se succèdent trop rapidement et nous fait perdre inconsciemment le fil de l’intrigue. Le concept du voyage dans le temps est également trop peu exploité pour qu’on y adhère totalement ce qui est fort dommage sachant qu’une bonne partie du film repose sur cette dualité entre rêve et réalité. 

  • Des personnages secondaires pas assez exploités

Le fait que l’histoire ne se focalise que sur nos trois héros laisse un goût inachevé tant que les personnages secondaires ne sont pas utilisées au bon moment malgré le background psychologique intéressant qu’ils réussissent à montrer. C’est le cas de Okabe, sorte de père spirituel pour nos deux héros Hiroki et Takuya qui semble endosser un rôle d’agent double à travers ses activités de terroriste pour l’union et patron d’une usine d’armements au service de la région japonaise alliée des états-unis.

Ce film fut une belle surprise ! J’ai passé un agréable moment et j’ai pu redécouvrir le travail de ce réalisateur encore méconnu mais semble nous réserver de belles surprises à l’avenir. Bien que le scénario du film possède quelques défauts par sa conclusion vite avancée et le développement maladroit de ses personnages secondaires, La Tour au-delà des Nuages porte en lui de belles qualités esthétiques, des personnages attachants et une furieuse envie d’évasion, de savourer la vie à pleine dents !  Les plus attentifs souriront à la vue de certains scènes qui vous ferons penser à Your Name… mais détrompez-vous cette histoire sera vous transporter au-delà de votre canapé ! 

Ce film est donc disponible sous format Bluray édition collector (comportant un livret explicatif avec des bonus expliquant la création du long-métrage avec les interview du staff) et DVD

Merci beaucoup à Kazé de nous avoir envoyer ce film pour la présentation de cette critique 🙂 

Foxanzu

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