Nidome no Yuusha – Chapitre 19

 

Chapitre 18 : Le Héros va un Peu Aider (3)

 

La journée laissa enfin place à la nuit.

A cette heure, les petits villages reculés avaient probablement laissé place aux ténèbres et au seul son du vent et des insectes, mais au sein de la capitale, tous les bars situés ça et là émettaient une puissante lumière.

Contrairement à la journée où les personnes déambulaient dans les rues, les bars étaient maintenant remplis de bruits provenant d’aventuriers ayant chassés jusqu’à la tombée de la nuit, et de marchands menant à bien des marchés. Attendre une ou deux heures de plus était idéal pour ensuite se fondre dans l’obscurité.

Ainsi, nous nous dirigeâmes à l’est de la porte nord, contre les murs, de l’autre côté des taudis. Maintenant que nous nous trouvions dans un lieu dénué de monde, et portant tous deux des robes noires achetées dans un magasin de vêtements afin de ne pas nous faire remarquer, nous dévoilâmes enfin nos visages cachés sous des capuches.

« Bien, nous y sommes. »

Un vent nocturne caressait les remparts, les privant de toute chaleur. Tout en étant blanche comme du marbre, la surface des murs était rugueuse en raison du matériel utilisé : une sorte de sable brillant à la lueur de la lune.

Ce sable brillant était appelé pierre d’étoile, et possédait une capacité spéciale. En effet, il pouvait absorber le mana présent dans l’air, puis le réutiliser pour maintenir les divers sorts protégeant les remparts.

« Goshujin ? Je ne vois aucun trou… »

Minnalis parut confuse en examinant le mur, car de son point de vue, celui-ci ne paraissait absolument pas abimé, et encoire moins troué.

« Non non, il est impossible de voir le trou pour le moment. Ne t’inquiètes pas, nous y arriverons. Nous allons détruire ce mur. »

« Détruire le mur… désolé mais… »

Pour les personnes emplies de bon sens, les remparts de la ville étaient absolument indestructibles.

Une histoire était constamment racontée aux enfants concernant les remparts de la capitale. Selon celle-ci, même la charge d’un Dragon Terrestre, un dragon de classe A incapable de voler mais possédant à la place de puissantes capacités physiques, ne pouvait pas égratigner les solides murs. De plus, de nombreux monstres puissants avaient déjà attaqués les murs par le passé, mais sans grand succès.

Ainsi, l’indestructibilité des murs faisait consensus.

Les remparts se faisant détruire par un seul individu isolé était un conte de fée n’apparaissant même pas dans la bouche des aventuriers les plus ivres de la ville.

La chute des murs serait un évènement crucial pour les êtres humains vivant en ville, car justement, ceux-ci pensaient une telle chose impossible. Grâce à ça, les habitants pouvaient dormir sur leurs deux oreilles, même en sachant que les forêts, plaines, montagnes et terres enneigées alentours étaient emplies de monstres.

S’il existait une créature capable de réaliser un tel exploit à elle seule, elle serait simplement considérée comme une existence tout droite sortie d’un conte de fée.

… Elle serait traitée come une légende, ou peut-être un monstre. Je n’en étais pas sûr, mais j’étais considéré comme faisant partie de la seconde catégorie.

« Minnalis, les murs sont basiquement de simples amas de pierres, alors à ton avis, pourquoi peuvent-ils résister à l’assaut de puissants monstres ? »

« Les multiples sorts appliqués aux murs… »

« En effet. Sur les murs de n’importe quelle ville, [Auto-restoration], [Anti-dégradation], [Force Renforcée] sont utilisés. A la capitale, [Absorption des Chocs] et [Magie Estompée] sont même rajoutés. Puisque ces sorts utilisent une large quantité de mana, ils maintiennent une résistance à toute épreuve. Ce qui délivre ce mana, ce sont ces particules de lumière ; il s’agit du mana que la pierre d’étoile absorbe dans l’atmosphère environnante. »

Bien sûr, ces détails étaient seulement connus des personnes faisant partie de la soi-disante classe privilégiée.

Les habitants pensaient simplement qu’il s’agissait ‘’d’un incroyable mur indestructible, même par les monstres ou un pays ennemi’’.

« En d’autres temes, si le mana est insuffisant, la force du mur est réduite. Sans mana, il ne s’agit que d’un simple mur de pierre, et un simple mur de pierre est loin d’être indestructible, n’est-ce pas ? De plus… »

Je parlai en riant silencieusement. L’Epée Sacrée du Départ pouvait être renforcée en absorbant le mana, mais…

« Mon épée n’est pas la seule à dévorer le mana. »

« C’est… »

Même si je le savais fragile, le mur s’écroula plus facilement que prévu.

La pierre se séparant du reste du mur tomba au sol, et parmi les débris, de nombreux vers rouges, marrons, verts, transparents et multicolores grouillaient.

Gesticulant tout en étant couvert d’un mucus transparent, ils se tordaient sur le sol tandis que la lueur de la lune se reflétait sur leurs corps flasques.

Puis, à l’intérieur du mur détruit…

« Mugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugyamugya. »

……plusieurs centaines de milliers de vers recouvraient la pierre.

Contrairement à la texture habituelle du mur, le mucus fabriqué par les vers donnait au rempart l’apparence d’un mur de chair formé de créatures vivantes.

La pierre affectée par le mucus perdait sa blancheur, se transformant en débris marron-rougeâtre sur le sol.

« Par dévorer, vous vouliez dire cela ? »

« Oui, il s’agit d’une créature surnommée ‘’Dévoreur de Mur’’, une sous-espèce de rang D d’un démon mangeur de mana appelé ‘’Dévoreur Magique’’. Elle se reproduit et dévore le mana en dissolvant les minéraux magiques grâce à un mucus spécial. Une fois la nourriture épuisée, elle se transforme en sable. Puisqu’il s’agit d’une nouvelle espèce, elle ne possède pas de nom, du moins elle ne devrait pas en avoir. »

L’intérieur du rempart en pierre était maintenant dans un piteux état. Les vers dévoraient la pierre, la trouant comme une éponge.

A une vitesse indiscernable, petit à petit, le puissant mur se transformait en mur de sable destructible au toucher.

« Lorsque cela arrive, le mur devient encore plus fragile que de la simple pierre. Tellement fragile, que créer un trou devient facile, même dans le plus solide des matériaux. »

Expliquant cela, je plantai mon épée spirituelle dans le mur. La pierre et les Dévoreurs de Mur tombèrent.

Plus le trou était profond, plus la quantité de Dévoreurs de Mur était importante. Il était basiquement impossible de savoir s’il s’agissait d’un mur de pierre, ou de vers.

« ……. »

En regardant les vers, Minnalis était devenue silencieuse.

Même pour un homme comme moi, voir une structure semblable à du marbre être peinte de formes rouges et vertes, comme s’il s’agissait de l’intérieur d’un organe où des dizaines de milliers de vers gigotaient, était une expérience que je préférais de pas revivre. Une femme comme Minnalis devait probablement être écoeurée devant un tel spectacle…

« Goshujn, pensez-vous que pousser quelqu’un dans un trou rempli de ces vers serait une bonne méthode de vengeance ? »

Me demanda Minnalis en se tournant vers moi.

…..mon évaluation de Minnalis monta ainsi d’un nouveau cran. Jusqu’à quel point ma complice comptait-elle augmenter sa valeur ?

Je ne pus m’empécher de rire.

« C’est une bonne idée, mais ne penses-tu pas que jeter quelqu’un dedans est un peu trop simple ? Pourquoi ne pas plutôt placer les Dévoreurs de Mur directement dans le corps de l’individu, afin que ceux-ci se reproduisent et le dévorent de l’intérieur ? »

« Tout à fait Goshujin, ainsi, la personne peut sentir son corps se faire dévorer de l’intérieur ! »

« Faudrait-il qu’il se fasse aussi dévorer de l’extérieur ? Ah, non. Cela serait ennuyeux. Pourquoi ne pas plutôt corroder petit à petit la chair ? »

« Si ces petites créatures se reproduisent dans les organes internes d’une personne, celle-ci n’a pas d’autre choix que d’essayer de les retirer de force d’elle-même. Lorsque j’ai tué aujourd’hui, je n’ai pas réussi à bien utiliser mon poison, et mes ennemis ont rapidement perdu l’esprit. J’aimerai bien essayer de maintenir leurs pensées sans qu’ils sombrent dans la folie. »

« Même s’ils meurent, nous pourrions les transformer en morts-vivants, et il serait alors possible de transférer les vers de bouche à bouche ! Même si malheureusement les parasites meurent rapidement, nous pourrions faire quelques ajustements… »

Tout à coup, nous discutions tous les deux joyeusement de torture.

Réfléchir un plan à deux était vraiment plus efficace que le faire seul. Juger des différents points de vue était un excellent stimulus.

Tandis que nous mintenions une conversation harmonieuse mais dangereuse, le trou était devenu assez large pour qu’un cheval puisse passer grâce à l’épée spirituelle.

Les Dévoreurs de Mur tombés sur le sol furent écrasés sous nos chaussures, se mélangeant aux débris de pierre qui n’étaient maintenant que des tas de sables.

« Peut-être que ces insectes sont votre création, Goshujin ? »

« Malheureusement non. J’en ai simplement entendu parler mais je n’en avais jamais vu avant. Regarde, nous sommes à l’extérieur ! »

Je me sentais comme un enfant creusant un tunnel dans un bac à sable. Et, après être sorti du trou dans le mur, je fus accueilli par une vaste forêt.

A plusieurs endroits, la lumière de la lune était visible à travers le feuillage, révèlant une atmosphère à glacer le sang.

« Nous sommes enfin dehors. »

Murmurai-je instinctivement. J’étais soulagé à l’idée d’être sorti de la ville.

J’avais moi-même du mal à y croire, mais après tout ce que j’avais vécu, l’intérieur de la ville me paraissait plus dangereux que l’extérieur. Je me demandais s’il s’agissait là d’un état mental de criminel.

« Ah, mince, j’ai failli oublier. Attends-moi ici. »

Tout à coup, je passai de nouveau dans le trou, et dissimulai celui-ci avec des pierres.

« Goshugin, laissez-moi vous aider. Vous souhaitez dissimuler l’entrée n’est-ce pas ? »

« Hm ? Ah, merci, tu me sauves. On dirait que les habitants ne se sont pas encore réveillés étant donné le calme qui règne. »

La chute de cette partie du mur aurait du se faire plusieurs semaines plus tard. Si elle était découverte maintenant, l’impacte risquait d’être trop faible.

Je savais exactement ce qui allait se passer à l’avenir grâce à ma première vie. Il serait donc dommage de ne pas rendre les choses plus intéressantes dans cette nouvelle vie.

« Nous pouvons dissimuler ainsi l’entrée, mais combien de temps peux-tu la cacher avec tes techniques d’illusion ? »

« …Toutes mes excuses, je ne suis qu’une homme-bête. Je peux garder l’illusion sur moi-même à tout instant, mais si je la place sur autre chose que moi-même, elle risque de disparaitre au bout d’une journée. Toutefois, je peux peut-être la maintenir si vous m’emmenez ici plusieurs fois par jour… »

« Non, je ne peux pas te laisser ici tout le temps, nous allons donc devoir nous débrouiller avec ces débris. »

Avec un profond dégoût, je lançai un regard de mépris en direction des résidents.

Les personnes vivantes par ici étaient sur le point de basculer dans les taudis. Même s’ils se rendaient compte que des débris avaient été déplacés, ils n’allaient pas vérifier. Ils préféraient s’occuper de leurs propres vies après tout.

Du moment qu’ils pouvaient se justifier et posséder nourriture et argent pour vivre, ces personnes étaient même capable de dénoncer sans hésiter leur sauveur. Ils étaient des personnes dont la seule préoccupation était de ne pas basculer dans les taudis.

La corrosion du mur était différente de celle de ma première vie. S’ils ne remarquaient pas les débris dissimulant le trou, le mur allait avoir le temps de se détériorer considérablement.

« Nous en avons tué plusieurs centaines juste pour traverser. Quel dommage. Nous devrions les ‘’remercier’’ en leur laissant le temps de consumer ce mur. »

« Tout à fait. Vous avez raison Goshujin. A mes yeux, ces vers sont de bien meilleurs êtres vivants que ces déchets débitant à tout instant des paroles de gratitude. De telles personnes me donnent envie de les étrangler jusqu’à la mort. »

« Mais en semant la panique ici, nous risquons de nous éloigner de notre objectif. Nous n’avons pas d’autre choix qie de partir pour le moment, mais grâce à ces petites créatures, ces personnes vont souffrir et mourir, et tant mieux. »

Tout en discutant, nous recouvrîmes le trou avec des morceaux de métal pour empécher que le trou ne soit découvert.

« Ah, c’est vrai ! N’oublions pas d’en récupérer. »

Nous souvenant tout à coup des Dévoreurs de Mur, nous en prîmes quelques uns dans des bouteilles vides.

Après ça, nous ramassâmes des branches et feuilles pour recouvrir le trou de l’extérieur.

« Maintenant dirigeons-nous vers la forêt. Un peu plus loin, il y a une cabane de chasseur abandonnée. J’y suis déjà allé une fois. »

« Oui Goshujin. »

Durant ma première vie, je m’étais souvent caché dans la forêt autour de la capitale, je possédais donc dans mon esprit un grossier aperçu du terrain. Sans hésitation, je fis un premier pas vers notre destination.

« Une fois arrivés à la cabane, nous allons devoir préparer de nombreuses choses. Mais tout d’abord, nous devons soigner ton affaiblissement. Ton statut divisé par 2 ne doit pas être prit à la légère, sans oublier que cela gâche ta beauté naturelle. »

Etre mignonne ou belle pouvait être utile pour de nombreuses choses, et constituait un avantage lors d’un combat ou d’une négociation.

A l’époque, j’avais même abandonné ma fierté pour me déguiser en femme, ou plutôt me transformer en femme grâce au pouvoir de l’épée spirituelle. Si possible, je souhaitais oublier ce souvenir.

A part cela, Minnalis restait une femme magnifique, même maintenant. Après s’être reposée et avoir retrouvée la santé, sa beauté naturelle allait revenir.

« P-Peu importe vos flatteries, vous n’obtiendrez rien de moi. Même si vous me parlez comme ça, je suis déjà votre esclave alors… »

« Non, je n’essaye pas de te flatter. Je ne suis pas un playboy. »

« Playboy ? Qu’est-ce que c’est ? »

Demanda Minnalis, le visage rouge. Pendant un instant, je me souvins de l’état dans lequel elle se trouvait lorsqu’elle était ivre de mana. Elle n’avait pas l’air de bien gérer les flatteries et autres compliments.

Mais peu importe, je devais probablement répondre à sa question.

« Eh, ah… Comment expliquer. Un playboy est… Peut-être devrais-je commencer par t’expliquer ce que l’on appele ‘’flirter’’… ? Bon, pour le moment… »

Discutant ainsi, nous pénétrâmes de nuit dans la forêt.

 

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Blastaf

4 Comments

  • merci pour le chapitre ^^

  • Ou c’est moi qui suis pomé

  • Lettres oubliées :

    de marchand(s) menant à bien des marchés.

    une sorte de sable brillant à la lueur de (l)a lune.

    Etre mig(n)onne ou belle pouvait être utile pour de nombreuses choses, et constituait un avantage lors d’un combat ou d’une négociation.

    • Lapsus :

      Une fois arrivés à la cabine (cabane), nous allons devoir préparer de nombreuses choses.

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