Montmartre

Vous incarnez un peintre en quête de notoriété où il va falloir trouver un juste milieu entre vendre vos tableaux au bon prix pour ne pas passer pour un amateur et les brader parfois pour pouvoir continuer de vivre et vous nourrir. Et oui, la vie d’artiste n’est pas simple surtout au début du 20ème siècle.

Montmartre est un jeu de collection de cartes, de 2 à 5 joueurs, à partir de 8 ans d’une vingtaine de minutes. Comptez un peu plus de temps tout de même si vous jouez à 4 ou 5.

L’atelier du bateau-lavoir

Pour l’histoire, ce lieu de résidence a réuni de nombreux artistes peintre depuis 1904 dont Pablo Picasso qui a inspiré les cartes roses et Amedeo Modigliani avec les cartes vertes. Les deux autres peintres dont l’illustratrice a voulu rendre hommage sont Henri Toulouse-Lautrec avec les cartes bleues : mort en 1901, il n’a donc jamais connu cet atelier mais a fortement inspiré les deux premiers, et Alfons Mucha pour son style Art Nouveau avec les cartes jaunes.

Les illustrations de ce jeu sont magnifiques, et les différentes étapes d’un tableau sont bien représentées entre le croquis de départ et la colorisation de l’œuvre. On pourra s’interroger sur le choix des artistes ou même le genre des tableaux puisque ne sont représentés que des portraits de femme. Quitte à étendre sur les artistes, de mon point de vue, il aurait été intéressant d’étendre sur les genres avec un paysage, une nature morte, une scène de genre ou une scène d’histoire. Mais je suppose que ce choix est éditorial.

On notera l’équité homme-femme des collectionneurs.

Quant à Ambroise Vollard notre marchand d’art, il a réellement existé et c’était bien son métier. Il n’a évidemment pas connu les 4 artistes qui ont inspiré le jeu mais c’est lui qui a révélé Pablo Picasso.

plateau

Comment se battre à Montmartre ?

Votre objectif : Etre le peintre le plus réputé de Paris en ayant le plus d’argent en fin de partie. Pour cela, il va falloir peindre et revendre vos œuvres.

A chaque tour de jeu, vous pouvez soit Peindre + brader + piocher OU vendre + faire une pige.

Peindre (obligatoire): Vous pouvez poser devant vous soit une carte de votre main de n’importe quelle valeur soit deux cartes de votre main à partir du moment où la somme cumulée ne dépasse pas 5.
Brader (facultatif) : Défaussez un ou plusieurs tableaux (=cartes) de même style (=même couleur), vous recevez en échange 1 franc par tableau. Attention, vous ne pouvez posséder plus de 6 tableaux devant vous. Si c’est le cas, vous êtes obligés de brader.
Piocher (obligatoire) : Vous devez toujours à la fin de votre tour avoir 4 cartes en main. Pour cela, complétez-la en piochant dans une des trois piles de votre choix, par contre toutes les cartes doivent être prises dans la même.

Vendre (obligatoire) : Pour vendre il vous faut remplir plusieurs conditions : le marchand d’art, ne doit pas être sur le collectionneur que vous convoitez (chaque style de peinture intéresse un seul collectionneur, facilement identifiable par la couleur du fond de carte) ET vous devez être le meilleur dans ce style soit par le nombre de tableaux soit par une valeur cumulée plus élevée que les adversaires. Si les conditions sont remplies alors défaussez le tableau de plus forte valeur de ce style, déplacez l’entremise sur le collectionneur qui vous a acheté votre tableau et prenez la carte au sommet de la pile de ce collectionneur.
Faire une pige (facultatif) : Si vous avez plusieurs cartes du même collectionneur alors vous pouvez prétendre à un contrat d’illustrations au sein d’une gazette. Plus ce nombre de cartes est élevé et mieux le contrat sera payé surtout si vous êtes le premier illustrateur auquel le journal fait appel. Attention, le contrat peut être obtenu uniquement durant le tour où la condition est remplie pour la première fois ensuite il sera trop tard, il ne vous restera que vos yeux pour pleurer. Mais n’allez pas non plus trop vite car vous ne pouvez signer qu’un seul contrat par partie.

Est-il à la hauteur du Sacré-Cœur ?

Comme vous l’aurez compris, le jeu est magnifique mais cela ne suffit pas à faire un bon jeu alors qu’en est-il sur le plaisir de jouer?

Le jeu est accessible pour toute la famille. Au premier abord, on peut penser qu’il y a beaucoup d’actions différentes mais finalement dès la première partie tout le monde sera à l’aise et les aides de jeu ne serviront plus à rien.

Le choix est parfois cornélien entre brader ou attendre pour vendre à un collectionneur et gagner plus d’argent. Vous allez rager quand un joueur vous coupe l’herbe sous le pied en vendant à un collectionneur que vous convoitez. Et si vous êtes trop gourmand, comme moi, vous allez vouloir toujours plus, refuser des contrats avec une gazette pour au final ne rien avoir.

Le jeu prendra fin plus vite que vous ne le pensez et vous aurez envie de reprendre tout de suite votre revanche. Ce qui est à mon goût le signe d’un bon jeu, non ?

  • J’aurais gardé la cohérence dans le choix des peintres par rapport à l’histoire de ce jeu et de l’atelier du bateau-lavoir
  • Frustrée de n’avoir finalement que 4 tableaux dans le jeu plus ou moins aboutis. En avoir plus n’aurait aucun intérêt dans le principe même du jeu mais ayant un fort attrait pour l’art je suis déçue.
  • Le temps est clairement sous-estimé sur la boite. A 4 joueurs, pour une première partie jouer sur un festival, nous avons mis 50 minutes, bien loin des 20 minutes annoncées.
  • Dommage que le nom de l’illustratrice n’apparaisse pas sur le devant de la boîte de jeu. Compte tenu de son travail, elle aurait très bien pu être inscrite avec le nom de l’auteur.

  • La cohésion entre le titre, l’histoire, le jeu et les illustrations. On voit que tout a été longuement réfléchi, le jeu n’en est que plus solide.
  • Le travail de l’illustratrice. On aime ou pas son style mais le trait est fin et précis.
  • Les cartes « Aide de jeu » qui nous rappellent les actions. Elles sont concises et claires.
  • La variante à deux joueurs est bien équilibrée.

En résumé

Un jeu de collection de cartes magnifique où il va falloir être bon commerçant et faire de bonnes affaires au moment le plus opportun. Simple à mettre en place mais pas si facile de faire les choix les plus judicieux.

Barbichou

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