LIVE REPORT : August Burns Red @Trabendo – 27/11/2019
Cela fait dix ans depuis la sortie des Constellations astronomiques de August Burns Red. Rien de mieux qu’une petite tournée pour fêter cela! C’est donc de ce pas que l’on se retrouve dans un Trabendo enveloppé d’une obscurité hivernale. La saison froide s’annonce bel et bien, et ce n’est pas la seule chose qui nous laisse un froid dans le dos ce soir, au vu de l’affiche 100% metalcore américain qui nous est proposée, avec pour accompagner la tête d’affiche, Currents et Erra.
– CURRENTS –
Après un premier passage en France à cette même période de l’année, au Never Say Die Tour, dans cette même salle, c’est avec plaisir que l’on accueille à nouveau Currents parmi nous. Néanmoins, pour une salle qui affiche presque complet, ce n’est pas l’impression que l’on a au début de leur set étant donné le vide prépondérant. En effet, c’est à peine s’il y avait un seul rang au-devant et un autre à l’autre bout de la salle. Mais, si vous pensez que c’est ça qui va décourager le groupe, détrompez-vous. Currents est bien prêt à mettre les bouchées doubles. Ils débutent d’ailleurs assez fort avec « Into Despair » qui annonce déjà la couleur pour la suite.
Une couleur qui en vaut de même pour les éclairages par ailleurs, étant donné la dose de clignotants rouge-vert par laquelle on se fait attaquer. Les guitaristes s’emportent pour un petit solo au cours duquel Ryan Castaldi balance violemment sa chevelure d’avant en arrière. (Et non, pour ceux qui se demandent, ce n’est pas le fils de Jean-Pierre Castaldi, ex-présentateur de Fort Boyard).
Les tons s’assombrissent, la salle s’enveloppe d’un violet profond, le chanteur nous invite à bouger, la tension est à son comble… « YOU’LL NEVER SLEEP AGAIN! » Ah ça, tu l’as dit mon ami. On est pas prêt de dormir avec l’énergie que ce groupe dégaine! Les screams redoublent de puissance et les instruments en font de même, vous encourageant à headbanger encore plus intensément. Le chanteur Brian Will quant à lui, bouge de plateformes en plateformes avec de gros mouvements accentués et n’hésite pas à lâcher de longs screams gutturaux.
En ce 27 novembre, la nouvelle chanson de Currents, « Poverty of Self » passait pour la première fois à la radio. Mais bon. A quoi bon s’attabler derrière la radio lorsque l’on peut témoigner de la performance de cette chanson en live? Cette chanson nous laisse dès lors une impression de retour à l’ère The Place I Feel Safest avec ces longs growls qui atteignent un certain level de profondeur. On a une sonorité qui est bien plus bourrin que leur dernier album. Alors, avis aux amateurs de heavy, Sharptone vous réserve du lourd en 2020!
Le breakdown de « Forever Marked » arrive bien assez vite, nous offrant l’occasion parfaite de nous jeter dans un petit wall of death. « Petit » oui, c’est le cas de le dire, puisqu’on ne devait à peine qu’être un peu plus de cinq à nous y jeter. C’était donc un wall of death très disparate mais qui a au moins le mérite de laisser des sourires sur les visages de la foule, déconcertée par ce manque de gens.
Finalement, on termine sur des terres connues avec « Night Terrors », où l’on peut déjà percevoir nettement plus de fans chanter en accolades vers le milieu. La salle quant à elle est beaucoup plus remplie qu’elle ne l’était au départ. On acclame le groupe comme il se doit et on espère bien entendu les revoir très bientôt. Ils avaient a priori annoncé des plans de retour au printemps prochain, mais à voir ce qu’il en est lorsque les choses se préciseront. Pour le moment, ils ont une tournée UK de prévue aux côtés de Varials et Alphawolf, avec les bêtes musicales que sont Polaris en tête d’affiche. C’est une tournée qui promet bien et on croise les doigts pour avoir une dose similaire en Europe.
SETLIST
- Into Despair
- Apnea
- Poverty of Self
- The Rope
- Withered
- Forever Marked
- Night Terrors
– ERRA –
Ah, Erra, un groupe qui sait faire parler de lui. La dernière fois qu’ils sont venus en France aux côtés de Northlane, ce qui doit remonter à deux ans, le Petit Bain en a bien tremblé. C’est également un groupe que je n’ai jamais pu écouter en profondeur, mais on me les a conseillé à de nombreuses reprises. On peut dire que c’est en effet un groupe qui erra longuement sur ma liste de groupes à écouter haha. De fait, cette soirée était enfin l’occasion pour ma part de pouvoir y jeter une oreille de plus près. La hâte et la soif de découverte sont au rendez-vous.
Une batterie en folie, des guitares déchaînées et un frontman souriant aux screams maîtrisés? La recette de cuisine commence bien. Les mélodies composées sont un réel plaisir pour les oreilles. Mais un peu moins pour les nuques qui, dès le début du set, semblent avoir signé un contrat pour se détacher de nos têtes avec violence. J’avoue cependant avoir été moins emballée par le chant clair très aérien et aigu du guitariste Jesse Cash. (Bien que par la suite, je suis allée écouter les versions studio et je n’ai pas été plus dérangée que ça. Je trouvais même que ça passait mieux que sur le coup. J’imagine que mes oreilles se sont adaptées entre temps).
Le screamer JT Cavey me rappelait des airs de Joel Quartuccio dans sa présence scénique avec une gestuelle accentuée qui nous fait littéralement voir les paroles comme si c’était des images (par exemple, lorsqu’il dessine des arc-en-ciel avec sa main), tout en chantant à l’air les parties du guitariste. Il y met tellement de cœur et d’entrain que la foule se laisse facilement submergée par leur univers. Quant au bassiste Connor Hesse, il fait tournoyer sa chevelure dans de gros headbangs, le long d’un rythme très effréné qui s’accompagne d’une progression à la batterie presque stressante.
Un joli éclairage violet-vert à l’image de l’artwork de « Eye of God » se met en place, et tandis que Jesse bouge ses doigts sur les frettes à une vitesse fulgurante, le bassiste s’en va derrière, pour jouer face au batteur Alex Ballew. JT s’arrête un instant pour livrer un discours sur la dépression en pointant brièvement les fortes conséquences de cette dernière. Et il nous rappelle bien évidemment que peu importe les batailles que l’on mène, nous ne serons jamais, jamais seuls. Sur ces bonnes paroles, le groupe entame la chanson qui porte cette profonde signification qu’ils viennent d’élargir, « Ghost of Nothing ».
On se laisse emporter par la longue partie instrumentale de « Drift » (le titre indiquant lui-même cette idée de déviation), sous un éclairage océan bleu qui renforce d’autant plus cette idée d’emportement vers d’autres horizons. Un pur moment de musique, sans parole aucune, et auquel on peut laisser nos oreilles s’adonner. Quand soudainement, JT scream « LET YOUR MIND DRIFT » sans même user de micro. Et pourtant, l’usage seul de sa voix brute résonnait en écho, transperçant la salle par tant de puissance. C’était impressionnant. Pour les curieux, la référence studio se trouve de 3:37 à 3:40, et jugez-en par vous-mêmes c’est une partie des plus calmes, ce qui met d’autant plus en avant nos visages ébahis.
On plonge encore plus loin dans le passé avec la renaissance de « Rebirth » qui enclenche des gros moshs dans la foulée et qui encourage par la même occasion l’arrivée de quelques crowdsurfers. Enorme coup de cœur sur « Skyline ». (En même temps, en tant que grosse fan de Novelists, comment ne pas succomber aux sonorités frappantes de cette dernière?) On finit en beauté sur un public dont les voix unies résonnent en chœur.
Mon avis global sur cette découverte? Eh bien, très honnêtement, une grosse claque dans la face. J’ai regretté de ne pas avoir écouté autant que je l’aurais probablement fait avant de venir. C’était terriblement bien, tant au niveau des mélodies que du scream et le groupe entier avait une imposante présence scénique, ce qui n’était pas à négliger. A mon tour, je recommande les yeux fermés!
SETLIST
- Disarray
- Monolith
- Irreversible
- Luminesce
- Eye of God
- Ghost of Nothing
- Drift
- Rebirth
- Skyline
- Breach
– AUGUST BURNS RED –
Avant d’accueillir la tant attendue tête d’affiche (enfin, si vous n’êtes pas comme moi à venir seulement pour les premières parties haha), le classique qu’est « Chop Suey! » est joué. Alors, sans surprise, la hype de la foule s’intensifie et chaque personne présente hurle les paroles à pleins poumons. Cela me rappelle Beartooth au Petit Bain l’an dernier où c’était exactement le même scénario. A croire que cette chanson rassemble tous les cœurs pour n’en faire plus qu’un.
Les copains, l’heure de rigoler touche à sa fin. Les rangs se resserrent. La salle s’assombrit, laissant seulement paraître à vue d’œil des lumières blanches qui se croisent en contre-plongée. On peut également noter en fond un solo guitare épique, presque cinématique, qui donne le ton pour la célébration de cette soirée. Et non, ce soir August Burns Red ne va pas seulement teinter la salle de rouge, mais va même aller au-delà, en brillant de mille feux. En effet, leur set débute à peine que la salle fait déjà face à un SUBLIME spectacle de lumières. On voit toute une palette de couleurs claires soigneusement agencées qui s’unissent. De la plongée, de la contre-plongée, des douches en rotation et j’en passe! Mais pour une fois que l’on a l’occasion d’observer autre chose qu’une lumière aveuglante, on ne va pas se plaindre!
Sur le coup, j’étais absolument subjuguée par les parties instrumentales qui sont magnifiquement composées. Je pourrais passer des HEURES entières à écouter ce type de musique! Il y a de sublimes solos à la guitare qui sont presque hypnotisant et une batterie absolument dingue qui ne cesse de faire des montées impressionnantes. Mais j’avoue que les screams terre à terre m’avaient moins convaincue. (Et, comme pour Erra, lorsque j’ai réécouté les versions studio bien plus tard, c’est passé comme une lettre à la poste). A peine arrivés à la troisième chanson que l’on se retrouve aspergés par des fumées, rendant le spectacle visuel travaillé au millimètre près. C’est la première lancée de la soirée, et certainement pas la dernière.
Les guitaristes s’amusent à bouger à leur bon vouloir en changeant constamment de place, et le chanteur en fait de même. Le pit quant à lui est très mouvementé: les gens applaudissent, crient, ouvrent des moshpits, crowdsurfent, et, bien évidemment, la bière est présente dans tous les recoins de la salle pour fêter cet anniversaire comme il se doit. En attendant, nos oreilles se laissent emportées par le flux musical de « White Washed » dont l’intro et l’outro risquent de rester figés dans nos têtes d’ici la fin de la chanson. Plus qu’un « white washed » on peut dire qu’on a été « brainwashed » pour le coup.
Le chanteur profite d’une petite pause pour rappeler à la foule que l’on doit être ce que l’on croit être au plus profond de nous, avant d’enchaîner sur « Marianas Trench ». On retrouvera dans cette chanson un petit solo parfaitement maîtrisé par le lead guitariste JB Brubaker. De l’autre côté, on a le vocaliste Jake Luhrs qui reste paralysé en position de statue en équerre pendant un certain moment, avec le regard fixe sur la foule. Les pensées fusent, vous allez bien monsieur?
« Meridian » arrive comme une douce pause qui apporte de sa fraîcheur. Que fait monsieur le vocaliste lorsqu’il ne saute pas dans tous les sens, vous dites? Il s’approprie la basse et en joue sur un morceau à 95% instrumental, que les screams rejoindront après la moitié de la chanson. Mais dites-donc, c’est qu’il ne se repose jamais? On arrive malheureusement très vite à la fin de… Eh non c’est raté! Les gars, August Burns Red a seulement joué 50 minutes… ne me dites pas que vous aviez pensé qu’ils ont déjà terminé le concert quand même? Okay okay, certes, je vous l’accorde. Ils viennent de jouer Constellations de A à Z. Ce qui en théorie, nous amène à une possible clôture. Mhhh…
Un noir s’installe dans la salle alors qu’il est à peine 22h05. L’avenir est incertain. Mais la foule, elle, hurle de plus belle. En même temps, comment être rassasié après pas moins d’une heure de concert? On en veut plus plus! Un p’tit peu plus, un peu plus. (Sans passer par LCL si possible). Dans un élan de réconfort, je vous annonce que… ILS SONT DE RETOUR SUR SCENE! Enfin… Seulement deux d’entre eux. Et avec une disposition quelque peu changée. En effet, le drummer Matthew Greiner débute un solo à la batterie et est très vite rejoint par le bassiste Dustin Davidson qui avait quant à lui, un kit de batterie minimal. Pendant près de trois minutes intenses, on assiste à un duel de batterie absolument EPOUSTOUFFLANT.
Le groupe profite d’un instant de répit pour remercier Paris de toujours avoir été là pour eux depuis le début. Sans plus tarder, ils enchaînent avec des morceaux plus récents comme « Ghosts » ou encore « Empire » où la salle entière résonne en « oh oh oh oh » très soudés. Un mot final peut-être, Jean-Pierre? Eh bien, agréable surprise pour mon dernier concert de cette année à vrai dire. Je ne connaissais que Currents en venant, et je repars en ayant fait deux belles découvertes.
Oui okay, vous croyez que je ne vous vois pas déjà arriver avec vos « gngngn COMMENT CA T’ECOUTAIS PAS ABR AVANT DE VENIR? » Mais à vrai dire, je ne m’y étais jamais vraiment attardée plus que ça. Et finalement, je me dis que j’ai bien fait de venir parce que WOW. Le spectacle de lumières était vraiment éblouissant et on ne pouvait qu’apprécier les parties instrumentales super techniques. Sans parler du duel de batterie qui laisse bouche bée. 2019 finit donc sur une agréable note pour ma part! On se revoit l’an prochain 😉
SETLIST
- Thirty and Seven
- Existence
- Ocean of Apathy
- White Washed
- Marianas Trench
- The Escape Artist
- Indonesia
- Paradox
- Meridian
- Rationalist
- Meddler
- Crusades
ENCORE
- Drum Solo
- Ghosts
- Invisible Enemy
- Empire
- Composure