Les personnages féminins dans le jeu vidéo

Bonjour/Bonsoir ! Ces dernières années j’ai découvert plus en détail le monde du jeu vidéo et en particulier la représentation du genre féminin dans ce média. Ce genre est très problématique, car représenté sous un aspect très sexualisé.

Princesse Peach, Amy Rose – les clichés de la fille transposés

Dans les jeux de notre enfance, Mario et Sonic sont les grands classiques.

Parmi leurs acolytes : l’éternelle Princesse Peach à sauver et l’amoureuse qui voulait un petit ami héroïque Amy Rose.

Princess Peach, le cliché de la femme/princesse en détresse est dans ses beaux jours puisque le principe du jeu est de la sauver. D’ailleurs sa fonction est dans son nom, ou son absence : Princesse Pêche. Elle n’a pas de véritable nom, juste une fonction : être une princesse à l’inverse de Mario qui a un vrai prénom. Pêche faisant référence à la douceur du fruit, donc une femme, donc une princesse.

Amy Rose, son objectif dans la vie ? Se trouver un amoureux, si possible un héros ! Une femme avec un objectif de vie moderne, dont le nom rappelle sa sexualité. Au cas où..
Rose, la couleur encore la douceur et le rose toujours associé à la gente féminine.

Que ce soit Princess Peach ou Amy Rose, on retrouve 2 problèmes principaux : l’omniprésence du rose et une tenue explicitement féminine sociétale.

Elles portent toutes deux une tenue peu appropriée pour l’action (robe pour Peach et une jupe pour Amy). Sachant que les deux personnages seront incarnées dans la suite des franchises.
Les créateurs ne CESSENT de nous rappeler que ce sont des filles (et non des femmes) et, par définition, des personnages moins forts que leurs héros – merci l’imaginaire collectif !

Ces personnages étant ceux qui sont les moins choisis lors des jeux de course ou de combats collectifs. Une réflexion trouvée sur le site d’une personne fort peu intelligente, qui ne fait que confirmer l’image que son personnage représente, pour parler d’Amy Rose : Au moins elle a un gros marteau, le symbole phallique lui évite de n’être uniquement qu’un cliché de personnage féminin.

Dans le monde du jeu vidéo, et des animé, les marteaux sont associés aux femmes ou aux personnages ultra virils. A l’inverse, les personnages masculins auront plus souvent des épées ou des haches.

Quelle que soit la taille du marteau, la femme n’aura pas la force de tuer, assommer seulement, à l’inverse d’un homme qualifié de viril, qui pourra écraser son adversaire.

Ainsi le personnage féminin doit s’armer pour paraître légitime, jouable, avec une arme rappelant un membre masculin. *applaudissements très lents* 

Lara Croft – première femme dans les fantasmes

Lara Croft, première héroïne dans un jeu d’action badass. Intelligente, sportive, experte en arts martiaux, archéologiste, toujours prête à affronter le danger !

Et… en mini-short, débardeur moulant avec décolletée. Cela semble la tenue la plus adaptée non ? Je veux dire Indian Jones a la même tenue dans ses films ! HUM.

Au delà de sa tenue inappropriée (pour son activité professionnelle entendons-nous bien), les développeurs ont accentué le corps de Lara pour qu’il soit « parfait » socialement. En conséquence la franchise nous offre de nombreux gros plans sur ses fesses et sa poitrine. J’imagine, dans l’idée de motiver les joueurs masculins à interpréter une femme pour un jeu d’aventure.

Pourtant interpréter une figure féminine a inspiré et inspire de nombreuses femmes à se dépasser, jouer et devenir badass. Le souci étant le message : badass = sexualisée. Si tu veux pouvoir te battre il faudra que tu sois mince avec un corps disproportionné et maquillée en toute circonstance. 

D’autant que sa sexualisation a été reprise encore et encore dans les films avec Angelina Jolie. Malgré l’arrivée du pantalon (2018) dans les jeux et les films avec Alicia Vikander – la sexualisation reste présente. 

Contrairement à la saga Uncharted a volontairement évolué en mettant en scène 2 personnages féminins (presque pas sexualisés) dans son dernier opus.

A croire qu’il faut que la femme doit être “physiquement intelligente” pour qu’on lui apporte du crédit. 

Les jeux de combats – la sexualisation à son paroxysme

Toute personne ayant eu une manette de console entre ses mains a forcément joué à un jeu de combat. Taken, Street fighter, Mortal kombat, Dead or alive… et j’en passe.

Les personnages féminins sont au même nombre que les personnages masculins (en général), souvent aussi forts, chacun.e ayant ses caractéristiques. Jusque-là tout va bien, avoir des femmes fortes dans un jeu « pour garçons » part d’une bonne initiative.

Sauf qu’il y a la théorie et la pratique, enfin la théorie et le design, je veux dire les développeurs et le design. Les femmes sont ainsi représentées avec des seins et des hanches/cuisses énormes, une taille très fine… Un corps irréaliste, sorti des fantasmes et extrêmement sexualisé – ne correspondant en rien au corps d’une athlète de haut niveau.

Parlons peu, parlons « costumes ». J’utilise des guillemets car dans certains jeux les costumes se résument à un cache téton et un string. A l’inverse de leurs collègues masculins qui ont droit à une armure complète. Je ne parle même pas du jeu XX où une partie de l’armure tombe à chaque coup reçu par le personnage, la dénudant avant la fin du combat. YES.

Enfin, la sexualisation des voix. A chaque frappe le personnage féminin va crier de douleur,  le cri ressemble alors à celui d’une jouissance. Aigu, puissant et sexualisant encore un peu plus la situation. Comme si la frappe devenait un acte sexuel SM.

Le jeu DOA : Xtreme Beach Volleyball est un grand gagnant : des femmes dénudées qui jouent au volley-ball en jouissant criant quand elles frappent la balle. Et bien sûr, uniquement des équipes féminines en maillot de bain.. cache téton.

Bonus : en faisant cet article j’ai découvert que des hommes réalisaient des live avec leur copine. A chaque personnage tué dans le jeu, leur copine enlève un vêtement. Encore une belle façon d’utiliser et d’abuser du corps de la femme.

Ellie, Clementine – grandir avec des personnages féminins, la solution pour éviter la sexualisation ? 

A moins d’avoir un gros GROS problème psychologique on se sexualise pas les enfants. Il est tout à fait possible de les trouver belles et beaux mais pas attirants sexuellement.

Dans The last of Us (article ici) et la première saison de The Walkind Dead (ici également) on incarne un homme accompagné d’une jeune fille d’un dizaine d’année. Respectivement Ellie et Clementine. Pendant le jeu elle vous accompagne, vous prenez soin d’elle, vous la protégez, vous vous attachez à ce petit être qui n’était pas prévu au programme (sauf si vous avez regardé la jaquette du jeu) pour votre personnage.

Et puis, le second opus arrive et c’est elle que vous contrôlez. Cette petite que vous avez vu grandir, un peu comme une fille adoptée, une sœur ou une nièce finalement ! Elle a quelques années de plus, son corps s’est développé, vous pourriez la trouver attirante, enfin presque, parce qu’après tout elle l’est, mais non. Impossible. Blocage. Outre le fait que son corps ne soit pas celui totalement d’une femme ou que sa sexualité ne vous corresponde pas il y a un truc qui vous gêne.

Alors, le secret de la non-sexualisation serait-il là ? Faudrait-il en passer par l’infantilisation pour ne pas sexualiser une femme ? Ce serait un peu triste mais ça à l’air de fonctionner.

Le duo homme fort/petite fille qui devient badass car elle a eu un senseï la rend elle plus légitime ? Plus « acceptable » à être incarnée ? Il semblerait que la patriarcat veille jusque dans nos loisirs, là où on aurait pu nous offrir une héroïne féministe et indépendante. On nous offre ce que l’on demande sous le couvert d’une éducation gérée par un homme, donc valable.

Jodie, Aloy, Max – Des personnages féminins, non sexualisés !

 

 

 

 

 

 

 

Il existe cependant des exceptions dans le jeu vidéo, qui a évolué ces dernières années quand même. Avec Horizon : zero dawn( HZD pour le reste de l’article), Beyond Two Souls (BTS idem) et Life Is Strange (LIS idem) – les studios ont décidé de mettre en valeur des personnages féminins avec un corps et des tenues non sexualisées. Ces jeux  ont étés encensés par la critique pour leur design, leur histoire ou leur gameplay, sans (ou presque) de commentaire graveleux sur les tenues ou corps.

Chacune de leur tenues est adaptée à son activité : chasser, se battre, suivre un entraînement militaire,.. Sans décolleté ou mini-short – Elles s’adaptent selon la situation géographique du lieu. Spoiler alert : il faut mettre une grosse doudoune informe dans la neige et pas une veste à moitié ouverte.

Jodie (BTS) se retrouve à devoir prendre 2 douches (oui c’est peu mais c’est de la fiction rappelons-nous) dans le jeu. On a un plan à la Tarantino sur les pieds, le visage et le dos. Classiques mais là encore on ne devine pas son corps. 

Aloy (HZD) n’a aucun rapport amoureux et ne se déshabille pas pendant le jeu, son corps que l’on devine musclé ne se retrouve pas possiblement sexualisé par l’absence de scène dénudée. Seules certaines de ses tenues laissent apparaitrent son ventre.

Max est un peu à part, LIS n’est pas un jeu avec de l’action, enchaînement de QTE,… C’est un jeu narratif où le centre d’attention est le super-pouvoir de Max et ses déboires. A aucun cas son personnage n’est sexualisé, malgré la présence d’une possible histoire romantique. Ses tenues et angles de caméra ne la sexualise à aucun moment (ce qui n’est pas forcément le cas d’autres personnages dans le jeu, Chloé par exemple). Elle est même timide, mal à l’aise concernant la sexualité ce qui annule tout sentiment d’attirance possible.

Il est important de noter qu’aucune de ces héroïnes n’a pas de corps socialement sexy. Pas de grosse poitrine, pas de fesses injectées de silicone ou de taille tellement fine que l’on se demande comment elles respirent.

Et facialement elles n’ont pas les critères physiques que l’on retrouve dans les magazines : petit nez, yeux en amandes, bouche pulpeuse, pommettes hautes et un visage symétrique. Ce sont de jolies femmes, que l’on pourrait croiser dans la rue, auxquelles les gameuses peuvent  s’identifier contrairement à Lara Croft qui est un mannequin. Cela ne fait pas tout bien évidement mais c’est un début.

Cependant.

Dans BTS on incarne Jodie dans ses différents âges : enfant, adolescente et adulte et dans HZD le jeu débute avec la jeunesse d’Aloy. Donc malgré la non séxualisation de leurs personnages dans la suite du jeu, là encore, le fait de les avoir identifiées enfants – innocentes empêche le joueur de les sexualiser. Même si la durée d’incarnation a été courte.

Est-ce une stratégie ou une simple histoire de scénario ? Je retourne à la recherche du personnage féminin adulte non sexualisé dans un jeu d’action !

Les gameuses : le questionnement de leur légalité, le harcèlement et la pression de la communauté (masculine)

50% de la communauté des joueurs sont des femmes. Pourtant les femmes restent presque illégales dans ce milieu. Considérées comme mauvaises, comme si leur génétique les empêchaient de jouer aux jeux vidéos. Les clichés sexistes ont la belle vie…

Les streameuses sur twitch sont les plus touchées par ce sexisme ambiant. Tiraillées entre l’obligation de devoir se maquiller/porter un décolleté pour faire plus de vues… Et l’envie d’être elles-mêmes pour partager leur amour du jeu avec le risque de se prendre des critiques négatives sur leur physique.

Pour couronner le tout, ces dernières se font harceler sexuellement, recevoient des photos non désirées, insultes et messages de mort. Ironiquement les haters qui critiquent leurs vidéos, sur les réseaux sociaux leur font finalement de la pub. Sachant que pour publier des messages dégradants/insultes sur leur live ils payent, donc encouragent leur activité. La boucle de l’ironie est complète.

Le e-sport se professionnalise de plus en plus, les équipes peuvent être mixtes et pourtant. Peu importe la discipline, les équipes sont masculines. Le machisme persiste et signe… Certaines femmes sont bien meilleures que leurs collègues masculins. Alors, certaines joueuses en réseau modifient leur voix pour ne pas être identifiée comme femme ou choisissent des pseudos très masculins.

De plus en plus de femmes dans le milieu, un nouvel espoir ? 

En 2018 15% de femme sont développeuses dans les studios de jeux vidéos (source). Cela reste peu, pas assez car le milieu est sexiste, avec beaucoup de problèmes harcèlement sexuel (comme le scandale Ubisoft nous l’a rappelé récemment) et un gros manque de confiance en soi quand il s’agit d’entrer dans un milieu souvent considéré comme masculin.

Pourtant, la présence de plus en plus importante de femmes est annonciateur de changement. De nouveaux regards, avis perspectives pour le développement et l’augmentation de personnages féminins fortes et non sexualisées !

En conclusion

Le monde du jeu vidéo reste très machiste, misogyne et sexiste. Il y a des évolutions, progressives, des initiatives. Des associations qui mettent en avant les femmes actives dans les studios, les femmes créatives qui vont révolutionner le tout petit à petit. 

Ouvrons nos yeux, dénonçons, observons, soutenons pour que ce merveilleux monde évolue !

Zora

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