Kuro no Maou – Chapitre 0

 

Chapitre 0 : Prologue

 

Une pièce d’un blanc pur. Les murs la constituant étaient peints en blanc, sans la moindre impureté, de même pour l’autel installé en plein milieu, un blanc pur comme de la neige, et la lumière de la pièce était elle aussi, blanche.

« Donnez l’offrande. »

Une voix provenant d’un endroit inconnu résonna dans la pièce. Les doubles portes s’ouvrirent, et du passage sombre surgit une file de personnes. Tout comme la pièce, ces personnes étaient habillées tout de blanc.

Leurs corps tout entier étaient recouverts d’une robe immaculée ; un masque recouvrait leurs visages, et pas un seul morceau de peau ne pouvait être perçu.

Ils tenaient des boîtes blanches dans leurs mains ; et au total, 6 boîtes furent amenées dans la pièce. Sans savoir si ces boîtes étaient effectivement l’offrande en question, ils les placèrent à des endroits de la salle prédéfinis, avant de repartir.

Après la fermeture des doubles portes, un son de clé tournée dans une serrure résonna dans la pièce.

« La préparation est complète. »

Murmura satisfait l’homme ‘observant’ la scène depuis une pièce à part.

Lui aussi, similaire aux personnes ayant installées les boîtes, portait une robe blanche, mais son visage n’était pas recouvert d’un masque, révélant ainsi un visage ridé donnant une idée claire de son âge.

« Commencez. »

Avec la déclaration du vieil homme, l’homme situé dans le fond de la pièce lui fit part de sa compréhension.

« 『التنين الاسود تقديم إستدعاء الروح باب ربط العالم المختلفة』- Fin du chant, ouverture du portail –  »

Ecoutant attentivement la voix de l’homme dans le fond, le vieil homme ferma les yeux.

Sachant que regarder directement la pièce où se situait l’autel blanc produisant de la lumière risquait de causer une perte de la vue permanente, il avait fermé ses yeux pour que la seule chose visible soit une obscurité profonde.

Peu après, la pièce bruyante devint silencieuse.

« C’est un succès. »

Lorsque le vieil homme murmura ceci, des voix de joie et de soulagement retentirent tout autour de lui.

« Commencez les mesures. »

A nouveau, les personnes en blanc traversèrent en ligne le passage connecté à la pièce où se trouvait l’autel.

 De nulle part, la voix du vieil homme résonna directement dans leurs oreilles, leur livrant des informations qu’ils s’empressèrent de graver dans leurs esprits sans rater le moindre mot.

« Mâle, 17 ans, Etudiant – »

Les données personnelles de la mystérieuse personne furent annoncées par le vieil homme. Mais, qu’ils comprennent ces mots ou pas, ils n’avaient absolument pas l’air confus.

« Son nom est – fu …. Hahahaha …. »

A l’instant où il allait dire le nom de la personne en question, il se mît tout à coup à rire.

« Fuhahahahaha ! »

Le vieil homme riait, et même si les hommes en blanc ne s’arrêtaient pas de bouger, une certaine agitation s’émanait d’eux. Enfin, les hommes arrivèrent devant la pièce contenant l’autel blanc, et d’un geste paraissant habituel, commencèrent à déverrouiller la porte.

« Toutes mes excuses messieurs, mais son nom est bien trop absurde. »

Tandis que le vieil homme s’exclamait cela, l’intérieur de la pièce se dévoila devant eux. Tout comme avant, la pièce était toujours d’un blanc immaculé. Toutefois, les boîtes ayant été apportés à l’intérieur avaient disparues, et en échange, un homme nu gisait sur l’autel.

Un homme aux cheveux noirs, son apparence correspondait aux informations données par le vieil homme. Puis, le vieil homme en question prononça enfin le nom du jeune homme.

« Son nom est Kurono Maou.

 

 

Tandis qu’une douce lumière enveloppait mes paupières, une légère conscience s’alluma dans mon esprit.

Me souvenant que je me trouvais dans un profond sommeil, je réalisai que j’étais installé dans un chaud et confortable futon. Lorsque l’idée de me lever apparut dans mon esprit, la chaleur démoniaque du lit fit instantanément disparaitre toute détermination en moi.

Un … Un peu plus longtemps ….. 5 minutes de plus ….

« Lève-toi ! »

Une voix furieuse retentit, et mon corps fut exposé sans la moindre pitié à la cruelle froideur. Suite à ce stimulus soudain, je sautai tout à coup sur mes pieds.

« Uooo ! Est-ce une attaque ennemie ? »

« Et que combats-tu au juste ?! »

Accompagnée d’une voix froide, ce qui entra dans mon champ de vision était le plus familier des visages. Le reconnaissant aussitôt, ma fatigue disparut instantanément.

Adieu monde des rêves, bonjour réalité.

Dans une chambre en désordre se tenait une femme me retirant mon futon.

Ses longs cheveux noirs brillants, sa peau blanche immaculée, la forme parfaite de son visage, son long nez, ses lèvres vibrantes et ses sourcils froncés donnaient une sensation de danger.

Que cette expression acérée et sévère soit considérée comme terrifiante ou magnifique dépendait de choix personnels, mais sa beauté ne pouvait être contestée. En plus de son apparence, elle mesurait presque 180 centimètres.

De longues et fines jambes, une taille fine par-dessus laquelle un tablier accentuait la forme de sa poitrine, tout cela donnait l’impression d’une présence écrasante. Un tel niveau de style surpassait aisément n’importe quel idole ou modèle, et sauf si vous étiez lolicon, homosexuel ou impuissant, elle attirait définitivement l’attention. Mais peu importe son degré de beauté, elle ne pouvait pas faire vibrer la corde de mes fantasmes, car,

« Bonjour Maman. »

Elle était ma mère biologique.

« Bonjour, allez dépêche-toi de te lever, tout le monde est déjà à table. »

En disant cela, ma mère quitta la chambre en laissant la porte ouverte.

« Tu pourrais au moins fermer la porte ….. fait froid. »

D’après l’horloge sur la table, il était 6h50. En tant qu’étudiant sans activité matinale, il était bien trop tôt pour sortir du lit.

Bon, de toute façon je ne pouvais plus retourner au lit maintenant que je m’étais levé.

« Dans ce cas, je suppose que je dois me préparer ? »

Et ainsi, une nouvelle journée dans la vie paisible et inchangée de Kurono Maou commença.

Après avoir enfilé mon uniforme, preuve de mon statut de lycéen, je quittai ma chambre située à l’étage.

Une fois mon visage lavé, mes dents brossées et mon apparence ajustée dans la salle de bain du rez-de-chaussée, je partis en direction du salon en quête de mon petit déjeuner.

Comme l’avait dit ma mère, deux petites figures pouvaient être vues assises à table.

« Bonjour. »

Lorsque je les saluai, les deux personnes se retournèrent après s’être rendu compte de ma présence.

L’une de ces personnes était mon père. Même maintenant, il avait gardé son apparence de ces 30 ans, et surpassait même maman qui pouvait être considérée comme extrêmement belle, surprenant ainsi amis et connaissances.

Avec sa jeunesse en plus de sa petite taille de 160 centimètres, il ressemblait plus à un jeune garçon qu’à un homme d’âge moyen.

Qu’est-ce qu’il y avait au juste avec le corps de ce père ? Cela poussait à se demander s’il vieillissait, ou si le temps chez lui s’était arrêté.

Une fois sorti du lycée, je paraitrais probablement plus vieux que lui.

D’ailleurs, plutôt que d’avoir hérité de ce père androgyne de petite taille, je ressemblais plus à ma mère. Ayant reçu sa grande taille et ses yeux acérés, je mesurais 183 centimètres et j’avais contre mon gré un air menaçant, me faisant ressembler à un démon.

Ma grande taille était une bonne chose, mais je regrettais de ne pas avoir reçu le visage de bishounen de mon père.

Grâce à mon visage menaçant, les personnes autour de moi avaient peur en me voyant, même si je ne faisait rien.

« Bonjour Maou. »

L’autre personne assise à ma table était ma grande sœur, Mana.

Complètement à l’opposé de moi, ma sœur ressemblait à mon père, c’est-à-dire qu’elle était une mignonne et petite bishoujo donnant envie de la protéger. Même si elle était maintenant à l’université, elle portait deux couettes noires lui allant à merveille.

« Tu as encore fait un bento aujourd’hui ? »

« N….un. »

La voir comme cela répondre en rougissant valait définitivement la chandelle, même si elle était ma sœur. Mais la personne recevant cette bonne intention bien cachée au fond de sa petite poitrine n’était pas moi, mais son tout récent petit ami.

La seule chose capable de faire apparaitre une telle expression sur le visage habituellement indifférent de ma sœur était son petit copain. Et bien, cela montrait à quel point elle était heureuse. Mais bon, tous ces trucs amoureux n’avaient rien à voir avec moi. Bien ! Un jour, moi aussi j’aurais une petite amie, probablement, peut-être, je pense …. J’aimerais bien en tout cas. Une pointe d’anxiété pénétra mon cœur tandis que je terminais mon riz et ma soupe miso, avant de me lever de ma chaise.

« Tu pars déjà ? »

Me demanda ma sœur, à laquelle je répondis tout en mettant mon manteau,

« Il pleut, alors je vais prendre le bus aujourd’hui. »

« Ah oui, l’arrêt est loin après tout. »

Etant allée dans la même école jusqu’à l’année dernière, ma sœur savait elle aussi qu’atteindre l’arrêt de bus en partant de la maison prenait du temps. A vélo, je n’aurais pas de problème, même en partant en retard, mais cette fois-ci je devais abandonner l’idée, étant donné qu’il pleuvait dehors.

« Tiens, n’oublie pas ton bento. »

« Nn, merci. »

Prenant le bento préparé par ma mère, je le plaçai dans sac de façon à ce qu’il ne se retourne pas, avant de me diriger vers la porte d’entrée.

« J’y vais. »

Salué par les 3 membres de ma famille, je fis un pas dehors, dans le froid.

 

Descendant à l’arrêt de bus devant l’école, il me fallait ensuite traverser un passage piéton pour atteindre la structure scolaire. Tandis que de larges gouttes de pluie martelaient mon parapluie, j’attendais que le feu tourne au vert aux côtés de nombreux élèves qui comme moi, allaient à l’école en bus.

De nombreuses autres personnes venant à pieds s’arrêtèrent elles aussi au feu rouge, remplissant de plus en plus le trottoir de monde. Dans cette foule, je remarquai une étudiante. Peut-être à cause de son physique petit et délicat, son parapluie bleu foncé paraissait étonnamment large dans ses mains.

Même si la foule était assez importante pour la noyer, ses longs cheveux blonds la différenciaient des autres, lui donnant une certaine présence.

A ses côtés se tenait probablement l’une de ses camarades de classe. Tandis que j’hésitais à interrompre leur discussion pour la saluer,

« Ah ! »

« Nn. »

Etonnamment, nos regards se croisèrent.

Ses longs cils et ses adorables yeux ronds étaient suffisamment démoniaques pour attiser le désir protecteur d’un homme.

Un visage fin et une peau d’un blanc pur, un nez fin et droit ainsi que de petites lèvres pulpeuses ; il était impossible de trouver le moindre défaut dans la beauté de son visage. Ses longs cheveux blonds et fins et son corps mince vétu d’un uniforme scolaire donnaient une impression de soin et d’ordre.

L’idéal bishoujo que tout le monde imaginait, elle en était probablement l’incarnation parfaite.

Maintenant que nos regards venaient de se croiser, je ne pouvais plus feindre l’ignorance, pas parce qu’elle était une beauté parfaite, mais parce que nous nous connaissions.

« Bonjour Shirasaki-san. »

Je pris ma décision et décidai de saluer Shirasaki Yuriko, ma camarade du club de Littérature.

« Ah, hum, bonjour Kurono-kun …. »

Le club de littérature possédait très peu de membres, alors bien évidemment je la connaissais et avais déjà parlé avec elle à quelques reprises, mais en termes de relation, elle était plus une connaissance qu’une amie.

Ainsi, je n’avais pas de sujet de discussion à lui proposer. J’avais fait preuve d’assez de formalités alors maintenant elle pouvit rejoindre son amie qui me regardait bizarrement, mais,

« ….. »

Quelque chose n’allait pas ? Shirasaki-san se tenait devant moi sans bouger. Mais puisqu’aucun de nous deux ne parlait, une certaine tension s’installa entre nous deux. En conséquence, avec une différence de taille de 30 centimètres, j’avais l’air de baisser la tête d’un air dominant en face de Shirasaki-san. Peut-être que d’un point de vue extérieur, j’avais même l’air de l’agresser.

« A, ano, aujourd’hui — »

« Allons-y Yuriko ! »

Shirasaki-san avait l’air de vouloir me dire quelque chose, mais son amie lui prit la main et elles traversèrent la route, dont le feu était passé au vert, avant de disparaitre dans la foule d’élèves.

« … Quoi ? Il y a quelque chose de spécial au club aujourd’hui ? »

Shirasaki-san ne me parlerait pas de quelque chose de privé, alors elle devait vouloir me parler d’une chose concernant le club. Peut-être allait-il être annulé aujourd’hui ?

« Bon, je le saurais quand j’y serais. »

Mais bon, son amie me regardait vraiment d’un air empli d’animosité ; ce qui fêla légèrement mon petit cœur fragile. Mais bon, avant, Shirasaki-san elle aussi évitait de me regarder dans les yeux, et je soupçonnais déjà cela en la voyant me saluer d’une manière étrange, mais,

« Peut-être suis-je vraiment haïs … »

 

Les cours étaient ennuyeux, mais pas tous. J’arrivais à suivre ce qui était enseigné, et tout ne passait pas par une oreille pour ressortir par l’autre, alors peut-être pouvais-je trouver une certaine joie à apprendre. Mais dans un état de fatigue, la voix du professeur devenait automatiquement une forme d’hypnose.

« Hey Kurono, passe-moi tes notes. »

Mais cette fois-ci, ce n’était pas moi qui étais chargé de dormir en cours, mais mon ami.

« D’accords, mais tu sais, dormir pendant 4 périodes d’affilée est assez problématique. »

Sur un ton stupéfait, je lui donnai mon cahier contenant les kanjis inscrits sur le tableau, copiés avec soin et exactitude.

« Merci ! Mais tu sais, hier, j’ai fini par faire une nuit blanche, alors je n’y peux rien, où plutôt, c’était inévitable. »

Riant sans la moindre honte, ce gars était l’un de mes rares amis, Saika Yota. Après la 4ème période avait retentit la pause déjeuner, alors je joignis mon bureau avec celui de Saika.

« Alors, tu l’as terminé la nuit dernière ? »

« Nah, il y a une route particulièrement difficile. Je pensais y arriver en augmentant mes points d’affection avec elle, mais apparemment je dois aussi augmenter mes points d’affection avec une autre héroïne pour la rendre jalouse — »

En entendant la conversation de Saika, seule une personne sachant de quoi il parlait pouvait comprendre. Il s’agissait en fait d’un jeu 18+ de simulation de romance.

« — Ouais, ceci et cela, ça m’a pris du temps, et après j’ai pris une pause d’une heure pour regarder un anime. »

Saika avait une carrure normale, et ne portait même pas de lunettes, alors il n’avait absolument pas l’air d’un otaku, mais ce qui se trouvait à l’intérieur de lui le trahissait.

Son niveau d’otaku ne pouvait pas être considéré comme sévère, mais il n’était pas non plus léger. Similairement, enfin pas autant que Saika, je pouvais moi-même être classé dans la catégorie des otakus. Le genre que j’écrivais au club de littérature n’était pas la littérature pure, ou le mystère, mais bien le light novel.

« Ne pouvais-tu pas tout simplement enregistrer l’épisode ? »

« Nah, il faut le regarder à sa sortie ! C’est bien plus excitant ! »

Ah bon ? Répondis-je vaguement en sortant mon bento.

« Oh, d’ailleurs, j’ai oublié de te le demander ce matin, mais tu es venu en cours avec Shirasaki-san n’est-ce pas ? »

« Non, ce n’est pas vraiment — »

« C’est bon Kurono, tu n’as pas besoin de jouer le personnage long à la détente. »

 Qu’est-ce que tu veux dire par ‘jouer’ ? Je ne suis pas un genre de mec essayant de maintenir un personnage chaque jour !

« J’ai vu la scène de vous deux, vous regardant dans les yeux avant de traverser la route. Mec, je suis trop jaloux ! S’il s’agissait d’un eroge, tu aurais eu un CG événementiel ! Moi aussi je veux vivre ça dans la vraie vie ! »

« Calme-toi, nous sommes dans le même club, et c’est tout. Ce n’est pas une situation dans laquelle un scénario d’eroge peut devenir réalité. »

« Tu en es sûr ? »

Qu’est-ce que c’est que cette remarque douteuse venant du plus profond de ton cœur ? Je vais finir par voir des spirales noires derrière toi si tu continues à exagérer tes réactions !

« Tous les protagonistes sont comme ça ! ‘Je suis un élève normal et pas du tout populaire, je n’ai aucune relation avec cette fille’ – peu importe ce que tu penses, les points d’affection de l’héroïne sont à 100% ! »

« Je te le répète, calme-toi ! Ne mélange pas réalité et fantaisie. Je te le dis juste au cas où, mais être ami d’enfance avec Shirasaki-san ou avoir fait une importante promesse avec elle ou bien même si nous ne sortons pas ensemble elle vient me réveiller tous les jours, mange avec moi sur le toit même si nos classes sont différentes, de tels évènements sont totalement non-existants. »

« Tais-toi ! Aller à l’école avec une bishoujo telle que Shirasaki-san peut déjà être considéré comme une bénédiction ! Et pourtant tu penses que ce n’est rien ? Es-tu vraiment un homme ? Un homme normal n’a pas le moindre contact avec une fille ! »

« C…C’est … »

Maintenant que j’y pensais, il avait peut-être raison. Même si j’étais suis nerveux ou haïs, être salué par une bishoujo le matin pouvait déjà être considéré comme une bénédiction. Et si je n’avais pas rejoins le club de littérature, mon niveau de contact avec des filles aurait été de 0. J’avais même du mal à me souvenir du nom des filles de ma classe, et je ne me souvenais même pas en avoir rien qu’une seule fois salué une.

« Attends une seconde, ce n’est pas comme si tu n’avais aucun contact avec des filles. Tu es dans le club de football après tout, ne parle-tu pas avec l’entraineuse ? »

« Idiot ! Elle sort déjà avec le capitaine ! Et c’est son 3ème petit ami après être entrée au lycée ! Noooon, je ne veux pas entendre parler des romances de filles dans la réalité !! »

« Tu ne te trouves pas égoïste ? N’est-ce pas suffisant, du moment qu’elle est mignonne ? »

« Tu parles ! Les femmes prises ne sont pas des héroïnes ! Quelque chose d’aussi brut ne devrait exister que dans les eroges et séries télévisées ! »

« Je comprends, je comprends, alors commence par te calmer et te rasseoir, tu veux bien ? »

Avec un ‘on n’y peut rien’, Saika se rassit dans sa chaise. S’il avait continué à s’énerver comme ça, il serait devenu le centre d’attention de la classe, et dans le mauvais sens du terme.

« Nn, attends, si les filles avec des petits amis ne sont plus disponibles, alors Shirasaki-san ne fait pas exception, n’est-ce pas ? »

« Huh, tu penses ? »

Je posai mon menton sur ma main, et regardai en dehors de la fenêtre, au loin, tout en parlant avec Saika.

« Et bien, Shirasaki-san est le type de fille gentille, parlant avec tout le monde et même avec les personnes comme moi sans avoir l’air effrayée où gênée après tout. »

Bon, elle ne me regardait pas non plus dans les yeux, mais c’était mieux que de se faire ouvertement ignorer.

« En même temps, tu as un visage effrayant, en plus d’être un géant. »

« C’est ça, mais je suis plutôt sensible à propos de ça, alors évite d’en parler. »

« D’accord. Alors ? »

« Il n’y a pas moyen qu’aucun garçon ne traine avec elle, tu ne penses pas ? »

C’était évident ; elle ne pouvait pas être gentille qu’avec moi, et de toute façon, si elle était effectivement une fille généreuse, elle ne le serait de toute façon pas avec une seule personne en particulier.

« Certainement, j’ai déjà vu plein de beaux-gosses parler avec elle. »

« Tu vois, je fais juste partie de la foule de personnes pouvant la saluer, et le nombre de personnes avec lesquelles elle s’entend ne peut même pas être compté sur les doigts des deux mains. »

« Aah, je suppose que la réalité est comme ça après tout ! Les bishoujos sont humaines, et si elles rencontrent un beau mec, inutile d’imaginer ce qu’il ce passe ensuite. »

« C’est comme ça, et s’il s’agit de Shirasaki-san, elle doit bien avoir un ou deux petits am— »

« Je n’en ai pas. »

La personne venant d’interrompre la discussion n’était pas Saika. S’il avait parlé avec une voix aussi douce, je n’aurais pas pu rester son ami plus longtempsMais si ce n’était pas sa voix, est-ce que … ?!

« Je n’ai pas de petit ami. »

« Shi…Shirasaki-san … »

Pourquoi ? Pourquoi apparaitrait-elle avec un tel timing ? Ne venais-je pas de dire que nous n’étions pas dans une relation où nous mangions ensemble ? C’était la première fois qu’elle venait dans ma classe pour me voir personnellement.

Et puis, pourquoi me sentais-je coupable ? Mon cœur battait la chamade, ah, et je pouvais même sentir des sueurs froides couler le long de mon dos.

Attends, calme-toi, ce n’était pas comme si j’avais dit des choses pouvant la blesser !

« Non, et bien … désolé, j’ai dit des choses sans réfléchir. »

Je finis par m’excuser. En même temps, parler des relations des autres n’était pas très respectueux, et étant donné que la personne concernée avait entendue, je ne pouvais que m’excuser.

« Ah, désolé, mais je ne suis pas particulièrement fâchée tu sais. »

« Ah, um, ah bon ? C’est bien dans ce cas …… »

Non non, cette atmosphère n’allait pas du tout ! Saika venait de se transformer en pierre, adoptant une posture de ‘cela ne me concerne pas’.

Apparemment elle n’était pas en colère contre moi, mais elle n’avait pas non plus l’air d’avoir apprécié. Mais étant donné que la personne en question le disait, j’étais contraint de lâcher l’affaire.

« Ummm, alors, tu as besoin de quelque chose ? »

« Oui, c’est que, je n’ai pas pu te le dire ce matin. »

Pour le moment, oublions ça, et concentrons-nous sur la conversation. Alors elle avait vraiment un message à me faire passer ce matin.

« Il y a aujourd’hui une importante réunion au club, alors tu dois venir impérativement. »

« Une réunion ? D’accord, j’y serais. »

Je n’avais rien entendu de tout ça hier …. Mais bon, ce devait être urgent étant donné qu’elle avait fait tout ce chemin pour me le dire. De toute façon, je comptais aller au club ce soir.

« Un, d’accord … je t’attendrais. »

« Oui, merci. »

Ainsi, une fois notre discussion terminée, Shirasaki-san quitta la salle de classe d’un pas pressé.

« Ah, les bishoujos ont vraiment une énorme impacte, tu ne trouves pas ? »

Cet ami au cœur froid qui était silencieux jusqu’à maintenant revint finalement à la vie.

« Saika, tu n’aurais pas pu m’aider un minimum ? »

« Impossible ! Et puis d’abord, je ne la connais même pas, et au final, tu as trouvé une solution non ? »

Tu appelles ça une solution ? J’ai juste vu mes points d’affection tomber en chute libre.

« Alors maintenant nous savons que Shirasaki-san n’a pas de petit-ami. C’est bien pour toi Kurono ! Tu as toujours une chance ! »

« Ahh, et on retourne sur ce sujet. »

« Vie lycéenne signifie romance tu sais ? »

« N’étais-tu pas contre cela dans la vraie vie ? »

« Bien ! Maintenant j’ai retrouvé ma motivation ! Oi, Kurono, la prochaine fois présente-moi à Shirasaki-san ! »

« Tu comptes m’encourager ou toi-même sortir avec elle ?! »

Tout ce que je pouvais dire était qu’en tant que connaissance, mes compétences en communication n’étaient pas assez élevées pour introduire un ami. Avec mon statut, il m’était impossible de présenter Saika à Shirasaki-san .

« Bon, mangeons au lieu de parler. »

« Ouais, la pause déjeuner est bien trop courte, ils devraient l’augmenter de 2 heures minimum — »

Je pris enfin mon bento laissé à l’abandon suite à ma conversation tendue avec Shirasaki-san . Retirant le couvercle, ce qui aurait dû apparaitre était la cuisine simple et sans effort de ma mère, mais …

« Qu’est-ce que … »

Du riz blanc avec un large cœur rose apparut devant mes yeux ébahis.

« Eh, quoi, Kurono, c’est quoi ce bento !? Je n’ai vu de bento aussi rempli d’amour que dans mes jeux !? »

« Ah, c’est — »

Ce bento empli d’amour n’était pas le genre de ma mère.

« Ma mère a échangé mon bento …….. »

Il s’agissait sans le moindre doute du bento préparée par ma sœur pour son petit-ami. En ce moment, il devait probablement manger le bento froid de ma mère.

« Uooh incroyable ! C’est un cœur, ahahaha ! Enorme !! »

J’ignorai mon ami beaucoup trop motivé, et décidai avec des sentiments partagés de manger le bento fait main de ma sœur. Mais très chère sœur, c’est un peu trop … ton amour n’est-il pas un peu trop … lourd ?

 

Les cours prirent fin après 2 périodes. Après avoir complété mon devoir de nettoyage, je me dirigeai directement vers la salle de classe du club de littérature. Une fois la porte ouverte, je pénétrai dans la salle familière.

« Huh ? »

Par inadvertance, je laissai échapper un son stupide de ma bouche, car il n’y avait qu’une seule personne dans la pièce. Certainement, le club avait très peu de membres, et de nombreux étaient des membres fantômes, mais le fait qu’il n’y ait qu’une seule personne présente malgré la circulation de l’info, et en sachant que j’étais en retard, était légèrement étrange.

Je m’imaginais voir le président discuter tranquillement avec les autres membres en attendant, mais ce n’était pas le cas. De plus, le fait que le seul membre à être venu était Shirasaki-san était tout aussi surprenant.

« Ah, Kurono-kun. »

« Shirasaki-san , tu es seule ? »

« N, oui … »

Ok, conversation terminée !

Je n’avais pas d’autres mots à prononcer devant ce visage angélique. Troublé par la question de si je devais continuer la conversation ou non, je m’assis. Je pensais à bien trop de choses, mais aucune ne parvenait à sortir de ma bouche. Et d’un autre côté, rien ne venait de sa part non plus.

Shirasaki-san tenait un livre de poche avec une belle couverture, quand à moi, je pris dans mon sac le light novel écrit de ma main pour tuer le temps.

Sur les papiers A4 attachés ensemble était inscrit le titre [La Légende du Héros Abel], un titre si direct qu’aucun RPG ne l’utiliserait. Il s’agissait d’une histoire que j’avais commencé à écrire au collège. Le contenu était comme l’indiquait le titre – le héros Abel part vaincre le Roi Démon. Aucun retournement de situation, aucune originalité, et l’écriture puait le travail d’amateur. Et pourtant, l’histoire avait une conclusion, il s’agissait d’un travail complété. Peut-être devrais-je le relire, ou bien écrire une suite …..

Silence absolu. A part les cris du club d’athlétisme s’entrainant dehors et le son des pages tournées, la salle de classe était silencieuse. A cause de la situation gênante, pas une seule phrase du light novel n’entra dans mon esprit. Quoi, pourquoi est-ce que personne ne venait ? N’y avait-il pas une réunion ? Peu importe qui, mais que quelqu’un vienne ! A cause de l’incident pendant la pause du midi, l’atmosphère était vraiment étrange entre nous deux, et je n’allais pas pouvoir la supporter longtemps. Ah, d’ailleurs, je n’avais jamais été seul avec Shirasaki-san avant. Je lui avais toujours parlé lors d’une conversation avec quelqu’un d’autre.

Non mais franchement, ce silence était plutôt douloureux. Même si c’était osé, je pouvais peut-être parler de quelque chose au hasard ? C’est ça, nous étions des membres d’un même club, et même si nos genres de prédilections étaient légèrement différents, nous avions probablement quelque chose en commun sur quoi discuter.

Et de toute façon, tôt ou tard le président et le reste du club allaient arriver, alors j’avais juste à lui parler un petit peu. Bien, j’étais maintenant décidé —

« « Um. » »

Ugh, nos voix s’étaient superposées !

« Ah, désolé. »

« N …… »

Gênant, alors que nous étions silencieux jusqu’à présent, nous avions décidé de parler au même instant ….

« Tu peux commencer si tu veux – »

« Ah non, c’est bon, Kurono-kun peut parler en premier. »

Répondit-elle, mais je n’avais pas vraiment de choses importantes à dire.

« Et bien, je pensais juste que tout le monde était vraiment en retard. »

Un sujet incroyablement inoffensif et ennuyeux, même moi je ne pouvais m’empêcher de penser que j’étais ennuyeux.

« Ah oui, c’est ça, moi aussi … »

Mais apparemment, Shirasaki-san pensait elle aussi à dire quelque chose de similaire –

« …… Non, ce n’est … ce n’est pas ça. »

« Huh ? »

« En fait, je voulais te dire autre chose. »

Pour une certaine raison, je vis un changement dans son attitude habituellement calme.

Voulait-elle me dire autre chose ?

« Et bien tu vois – »

Comme si elle venait de décider de quelque chose, Shirasaki-san se leva tout à coup. Se faisant, la Shirasaki-san qui n’avait jusqu’alors jamais croisée mes yeux, les regarda directement. Dans ses adorables yeux se trouvait maintenant une résolution et une couleur exprimant une certaine force.

Je fus surpris par un changement aussi soudain, mais ne le montrai pas en restant calme.

« C’était, c’était un mensonge … »

« Huh, c’est-à-dire ? »

« Qu’il y avait une réunion, c’était un mensonge. »

Qu’est-ce qu’elle racontait ? Je n’arrivais pas à comprendre le moindre mot. Ma tête était maintenant pleine de points d’interrogation.

« Ah, ah bon ? »

Ce n’était pas comme si cela allait me mettre en colère, et puis je ne savais même pas le motif d’un tel mensonge, alors je n’avais pas d’autre choix que d’attendre qu’elle continue la conversation.

« Oui, et umm, tu vois … »

« ……. »

Le silence continua plus longtemps que prévu, tandis que la conversation venait de s’arrêter. Mais pour le moment, j’avais l’impression que je ne devais pas intervenir, mais l’attendre en silence.

« C’est, je, je ….. »

Et enfin, elle parla.

« Kurono-kun, je — !! »

C’est ça, Shirasaki-san venait définitivement de le dire.

« …… ? »

Mais, je ne parvins pas à l’entendre, ni la voix de Shirasaki-san, ni les bruits provenant de l’extérieur. Je ne pouvais plus rien entendre. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvais-je plus entendre ? Est-ce que mon tympan venait de se déchirer ?

« —- !? »

Un monde sans son, et tout à coup, une douleur intense se mit à envahir ma tête.

J’avais de nombreuses migraines lorsque je tombais malade, mais jamais aussi intense. Non, cette fois-ci, la nature de la migraine était complètement différente. Ce n’était pas une migraine normale, il s’agissait de quelque chose de plus menaçant, de plus létal ——-

« !? »

Ma vision trembla, et une vive douleur traversa mon corps.

Après quelques secondes, je me rendis compte que je venais de tomber de ma chaise. Plutôt que de diminuer, la douleur ne faisait qu’augmenter après chaque seconde passée au sol, sans pouvoir me relever.

La seule chose que je pouvais faire était me débattre dans mon propre esprit.

J’avais peut-être émis une voix de douleur, mais j’étais moi-même incapable de l’entendre.

« ——— ! »

Des larmes dans ses yeux, une image jusqu’alors jamais vue de Shirasaki-san s’accrochant à mon corps apparut dans mon champ de vision.

Plutôt que réfléchir à la douleur ou demander une ambulance, le fait que je venais de faire pleurer une fille me dérangeait davantage.

La vision de son visage couvert de larmes fut tout à coup remplie par une sorte de sable noir.

Merde, ma vision commençait à devenir étrange.

La chose noire enveloppa ma vue comme une tempête de sable, et son visage larmoyant disparut. Je ne pouvais plus rien entendre. Je ne pouvais plus rien voir. Avant que je ne puisse le réaliser, même l’impression d’être couché au sol disparut. Je n’étais même pas sûr de respirer encore. La seule chose certaine était la douleur ravageant ma tête.

Allais-je mourir—–

Dans les ténèbres absolues, où mes 5 sens s’étaient éteints, je perdis petit à petit conscience.

Je ne voulais pas mourir—-

Ce fut ma dernière pensée.

 

                                                                                                                        Chapitre Suivant

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Blastaf

4 Comments

  • Sensible plutot que sensitif non?

    • Corrigé 😉

  • C’est la loose, il se fait tp au moment ou une fille lui avoue ses sentiments

    • oue le pauvre 🙂

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