Le Héros est un Démon – Chapitre 94

 

Chapitre 94 : Verse

 

Le meurtre d’un homme-bête par un autre homme-bête déclencha la panique parmi les homme-bêtes des taudis.

Dans les taudis régnait une politique de non-interférence, mais cela ne concernait pas les grands criminels. De plus, tout le monde voyait actuellement la vie s’améliorer en ville, alors le recherche du coupable, principalement menée par les témoins, en était presque maniaque.

« Nous en sommes donc arrivés à la question suivante ; est-il nécessaire de patrouiller dans les taudis ~ssu. » (Gengu)

Pour Gengu, la situation était encore plus importante puisque c’était un membre de sa tribu qui avait été tué. Prenant l’initiative, il cherchait partout l’homme-ours coupable du meurtre.

« Moi aussi je fais de mon mieux pour chercher, mais c’est plutôt difficile. » (Reni)

« Je le sais, mais pourquoi me dis-tu ça… ? » (Gengu)

Reni répondit d’un air troublé à Gengu qui tirait la langue en riant.

« Plutôt que quelqu’un comme moi, ce genre de chose n’est pas plutôt la spécialité des homme-chiens tels que Gengu-san ? » (Reni)

« Toutefois, les esclaves meneurs d’Hifumi-san sont Reni-san et Helen-san. J’estime donc important de vous demander d’abord votre opinion ~ssu. » (Gengu)

« Depuis quand sommes-nous devenus des meneurs… ? Ce n’est quand même pas parce que tu as peur de consulter directement Hifumi-san, n’est-ce pas ? » (Helen)

Mais tout à coup, en réponse à la question d’Helen, Gengu détourna le regard.

« J’ai vu juste !? Même si inférieur à un homme-tigre, un homme-chien devrait être plutôt puissant, non ? » (Helen)

« Cet homme est spécial ! C’est impossible, même pour des tigres ou des loups. La force de cet homme n’a rien à voir avec celle d’un humain. C’est pourquoi je pensais plutôt m’adresser à ses favorites ~ssu. » (Gengu)

« Une seconde, qui sont les favorites d’Hifumi-san ? » (Helen)

Face à l’objection d’Helen, Gengu pencha la tête, l’air surpris.

« Huh ? Mais j’ai entendu dire que vous étiez ensemble depuis le début, depuis votre entrée dans ce pays ~ssu. Vous avez une bonne relation avec Hifumi-san, n’est-ce pas ? » (Gengu)

« Quelle bonne relation !? » (Helen)

Le visage d’Helen, abasourdie, était devenu rouge vif, mais Reni ne comprenait pas le sens derrière les mots de Gengu, et continuait donc à le regarder, perplexe.

A contrario, Gengu fut surpris de voir que les deux filles étaient aussi puériles.

« C’est… je suis désolé, je me suis complètement mépris… » (Gengu)

« Oui ! N’imagine pas des choses aussi bizarres, d’accord !? » (Helen)

En colère, les oreilles rouges vives, Helen partit en vitesse.

« Oups~ » (Gengu)

« Ce n’est rien, Gengu-san. Je parlerai plus tard avec Helen. Ceci dit, j’ai appris que lorsqu’un vol ou un meurtre avait lieu dans une ville humaine, les soldats enquêtaient et arrêtaient le méchant. » (Reni)

« Les soldats ? Je ne pense pas que laisser des soldats humains s’occuper de ça soit… » (Gengu)

« Alors ce n’est pas un problème s’il ne s’agit pas d’humains ? » (Reni)

« Ha ? » (Gengu)

« Si nous, homme-bêtes, nous parvenons à cultiver la terre et gérer des boutiques comme les humains, ne devrions-nous pas aussi pouvoir réaliser le même travail que les soldats-san ? » (Reni)

« J-Je vois. » (Gengu)

Gengu, les épaules baissées, leva tout à coup la tête et partit en courant afin de rassembler ses amis.

« Et le voilà parti… » (Reni)

Regardant Gengu disparaitre au loin en un clin d’œil, Reni se replongea dans ses études. Ce qu’elle lisait actuellement était un matériel d’apprentissage utilisé comme examen pour les officiers civils de Fokalore. Son contenu, sans compter Caim, avait posé de nombreux problèmes à Doelgar et Paryu, mais Reni l’apprenait docilement, sans le moindre préjudice.

« Pfiou… l’apprentissage humain est plutôt dur. » (Reni)

 

L’association d’homme-bêtes, formé après quelques mots de la part de Reni, était un groupe sale et sinistre d’hommes fiers de leur force, mais ils étaient extrêmement efficaces en tant que police.

Patrouillant les taudis une fois leur travail quotidien terminé, ils résolvaient les crimes et problèmes mineurs. Ils se chargeaient aussi d’héberger les nouveaux homme-bêtes ayant fui les humains, de reconduire chez eux les poivrots et de protéger les enfants perdus. Ils étaient rapidement devenus une organisation de confiance, chargée de bien plus de tâches que les soldats humains.

Acceptant même les homme-bêtes qui n’arrivaient pas à trouver d’autre travail correspondant à leurs aptitudes, leurs rangs augmentaient à vue d’œil, avec à leur tête Gengu.

Découvrant encore et encore des cadavres de soldats humains à l’entrée des taudis, le groupe en vint même à interroger les humains entrant et sortant des taudis, étant donné qu’il s’agissait à chaque fois d’incidents sanglants.

Et la personne qui attirait le plus les soupçons était Hifumi.

« Ho ho, je vois que vous faites quelque chose d’intéressant. » (Hifumi)

« H-Hifumi-san !? » (Gengu)

En voyant Hifumi apparaitre tout à coup dans le vieux bâtiment servant de quartier général aux gardes, Gengu se leva en vitesse et apporta la chaise la plus propre des lieux.

« Ah, ce n’est pas nécessaire. J’ai vu que vous aviez établi une sorte de police, n’est-ce pas une superbe façon de passer votre temps ? » (Hifumi)

« Non, pas du tout ! Tout ça, c’est grâce à un indice de la part de Reni-san ~ssu. Puisque tout le monde ici est plutôt maladroit, pense plus avec ses poings qu’avec son cerveau et ne sait que combattre, c’est un rassemblement agréable de personnes. » (Gengu)

Apparemment, environs 20 homme y travaillaient à plein temps tandis que 50 homme-bêtes étaient considérés comme un effectif de réserve et aidaient aux patrouilles tout en continuant à travailler la journée.

Quant aux fonds, le groupe agissait à partir de donations offertes par les boutiques d’homme-bêtes, mais aussi de donations d’humains.

« Actuellement, nous arrivons à effectuer notre travail… Mais nous n’avons toujours pas retrouvé ce tueur d’homme-bêtes… » (Gengu)

Voyant Gengu baisser la voix en montrant ses crocs, frustré, Hifumi s’adressa chaleureusement à lui.

« N’abandonnez pas. Toutefois, si vous n’arrivez pas à le trouver dans les taudis malgré votre nombre, n’est-il pas probable qu’il ait simplement quitté les taudis ? »

« Ce que vous voulez dire, c’est qu’il serait parti en direction des terres désolées ? » (Gengu)

« Non, autre part. » (Hifumi)

Hifumi secoua la tête.

« J’ai entendu dire que ce criminel parlait avec hostilité des personnes vivant dans les taudis. Et qu’il a libéré plusieurs homme-bêtes des humains. Penses-tu vraiment qu’un tel individu serait discrètement retourné dans les terres désolées ? » (Hifumi)

« Alors il serait parti chez les humains ? » (Gengu)

« Je pense juste qu’il faut considérer cette possibilité. » (Hifumi)

« C’est… Alors nous ne pourrons pas le poursuivre, eh… » (Gengu)

Tout à coup, Hifumi frappa doucement Gengu sur la tête.

« Tu abandonnes trop facilement, idiot. » (Hifumi)

« Eh ? Est-ce qu’il existe… un moyen ? » (Gengu)

« Réfléchis un peu avec ton groupe. Ceci dit, je suis venu pour vous dire de vous préparer plus sérieusement. » (Hifumi)

« Quelque chose ne va pas ~ssu ? » (Gengu)

Pour répondre à la question de Gengu, Hifumi croisa les bras et continua son explication.

« Ouais, ces derniers jours, des soldats ont fréquemment essayé d’entrer de nuit dans les taudis, et ‘par accident’, j’ai croisé leur route. Ils m’ont attaqué en dégainant leurs épées alors que je n’avais rien fait, ils ont donc fini au sol, tabassés et tués à chaque fois, mais… » (Hifumi)

« Alors Hifumi-san était la cause de tous ces cadavres de soldats, huh… ? » (Gengu)

Gengu, qui pensait qu’il s’agissait de l’œuvre du criminel homme-ours, soupira amèrement. Il considérait ce ‘par accident’ comme un mensonge, mais puisqu’il tenait à la vie, il ne fit pas part de son avis à Hifumi.

« On dirait qu’en raison de la disparition des soldats, ces derniers vont s’associer avec un groupe de chevaliers pour attaquer les taudis. » (Hifumi)

« Quoi !? Comment savez-vous ça ? » (Gengu)

« En me promenant en ville, j’ai entendu dire que le château achetait des vivres et que des nobles faisaient appel aux différentes boutiques d’armement pour maintenir des armes en état mais aussi en acheter de nouvelles. D’après plusieurs rumeurs, les demandes de harnais ont augmentées. Et puisque les soldats ici n’utilisent pas de chevaux, ces harnais sont probablement destinés aux chevaliers. On m’a aussi dit que l’entrainement des chevaliers s’était intensifié dernièrement. Puisque je ne vois pas d’autre raison nécessitant le déploiement des chevaliers, je suppose que cet endroit est leur objectif. » (Hifumi)

« Alors, qu’allez-vous faire ? » Demanda Hifumi, mais Gengu, choqué, n’était pas en état de répondre.

« C-C’est un désastre… » (Gengu)

« Calme-toi. » (Hifumi)

Recevant une pichenette sur le front de la part d’Hifumi, Gengu tomba au sol avant de rouler plusieurs fois sur lui-même.

« S’occuper de ces chevaliers est simple. Tout d’abords, les humains sont faibles. A cheval, ils peuvent à peine poursuivre un homme-bête à pieds. Avec leurs épées, ils peuvent à peine vous blesser. » (Hifumi)

« Eh ? Alors vous n’êtes pas un humain, Hifumi-san… ? » (Gengu)

Gengu reçut de nouveau un coup sur la tête.

« Ne change pas de sujet. En d’autres termes, si vous combattez en utilisant votre tête et les mêmes armes, vous n’avez pas à craindre le moindre chevalier ou soldat. » (Hifumi)

Hifumi se leva, corrigea la position de son katana sur sa hanche, et baissa les yeux pour regarder Gengu qui, après être tombé au sol, montrait son ventre.

« Rassemble tous ceux qui ont du temps libre. Je vais leur apprendre à se battre. » (Hifumi)

 

Salgu était lui-même conscient d’avoir succombé à la folie. Il observait de jour les homme-bêtes réduits en esclavage par les humains, repérait leurs maisons, puis attendait la nuit pour tuer les familles humaines.

Ainsi, il sauvait les homme-bêtes esclaves, mais…

« Que veux-tu que je fasse après m’avoir sauvé ? »

L’homme-loup, ayant perdu toutes ses griffes, ne se leva même pas du coin de l’étable.

« Moi aussi je détestais les humains au départ. Mais tu sais, contrairement aux terres désolées, être l’esclave d’un humain est sans danger et confortable. Dans les terres désolées, il n’y a que le danger. »

« ….Je… vois… ? » (Salgu)

« Même en ayant perdu mon utilité, je n’aurais pas été tué, tu sais.  J’aurais été jeté dans les taudis, mais là-bas, il y a assez de nourriture pour survivre grâce aux restes des humains. »

« Et puisque mes maitres sont morts, je n’ai pas d’autre choix que d’y aller. », l’homme-loup se mit à rire faiblement.

L’expression sur le visage de Salgu qui le regardait de haut ne pouvait pas être vue par l’homme-loup dans l’obscurité de la nuit.

« N’as-tu pas envie de retourner dans les terres désolées ? » (Salgu)

« Eh ? Les terres désolées ? Elles me manquent, mais… »

Riant, l’homme-loup secoua la tête. Par ce geste, il semblait vouloir repousser des souvenirs déplaisants.

« Cet endroit est un enfer. Il faut fuir d’un endroit à un autre, comme les lapins et moutons, ou maintenir une vie de meurtre sans même pouvoir dormir tranquillement. Ce n’est pas un endroit dans lequel il est possible de dormir sur ses deux oreilles, contrairement à ici. Je ne veux plus jamais revivre cette sensation de faim, cette lutte pour la survie. »

« Vraiment ? D’accord. » (Salgu)

Salgu abattit son poing et l’enfonça dans le visage de l’homme-loup qui le regardait. L’immense patte s’enfonça dans son crâne, traversant chair et os et projetant une large quantité de sang.

Regardant ensuite son poing qu’il venait de retirer du visage de l’homme-loup, Salgu réfléchit.

Une douleur intense parcourait son cerveau. Ses pensées étaient maintenant similaires à des bruits stridents, mais il décida néanmoins de réfléchir.

« Cette ville elle-même a une mauvaise influence sur les homme-bêtes… » (Salgu)

La nourriture offerte par les humains, les bâtiments, la vie, toutes ces choses ont détruites les homme-bêtes, conclut Salgu.

Malgré la douleur envahissant sa tête, il chercha des solutions.

Il s’assit à côté du cadavre, dans l’étable maintenant dominée par une puissante odeur de sang.

« Calme-toi. Si j’écrase les humains, alors tout prendra fin. » (Salgu)

Salgu regardait le visage de l’homme-loup mort, comme s’il lui parlait.

« C’est ça. Si j’élimine le chef des humains, la ville humaine prendre fin. » (Salgu)

Après s’être relevé, Salgu avait l’impression que tout était devenu clair dans son esprit.

Il s’avança, ayant décidé d’accomplir cette tâche claire et simple.

« Le chef humain, où est-il… ? » (Salgu)

Un homme-ours fou parcourut la ville de nuit.

 

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