Le Héros est un Démon – Chapitre 83

 

Chapitre 83 : Jaune

 

« Hifumi-sama. » (Origa)

Origa entra dans le bureau d’Hifumi, après avoir toqué à la porte. Elle avait retiré dans un bain chaud la poussière accumulée durant son voyage, et avait proprement coiffé ses cheveux.

Ne portant pas sa robe bleue habituelle, ses vêtements étaient actuellement constitués d’un haut à fleurs et d’une longue robe secrètement achetée autrefois mais qu’elle n’avait jusqu’alors jamais porté.

« Mm, Origa ? » (Hifumi)

Hifumi, concentré à écrire, leva le visage de ses documents et regarda en direction d’Origa. Voyant un profond stress visible sur le visage d’Origa, il pensa,

C’est le même visage que lorsque je l’ai entrainée à l’utilisation du shuriken.

« Je suppose qu’une discussion s’impose, mais s’il-te-plait, assieds-toi et attends un instant. J’ai bientôt terminé. » (Hifumi)

« Très bien. » (Origa)

Origa s’assit sur le canapé placé dans le bureau et destiné à faire attendre les invités.

Elle parvint à se calmer légèrement après s’être enfoncée dans le doux et confortable canapé en cuir brillant.

Dans le bureau silencieux, seul le bruit de la plume dansant sur le papier pouvait être perçu.

Origa continua à regarder le visage d’Hifumi, écrivant toujours d’un air concentré, sans s’en lasser.

Elle se souvint, cela ne fait pas si longtemps qu’il est apparu dans ma vie.

D’ailleurs, c’est moi qui lui ai apprit à écrire, elle regrettait légèrement cette époque.

Son écriture était assez déplorable, comme s’il ne savait pas lire. Mais à force de s’occuper des documents du groupe de Caim, celle-ci s’est améliorée jusqu’à atteindre sa belle écriture actuelle, se souvenant de tout cela, un sourire apparut sur son visage.

« Hifumi-sama, je vais préparer du thé noir. » (Origa)

« Oui, merci. » (Hifumi)

Puisque les sucreries préférées d’Hifumi se trouvaient dans la petite cuisine, elle plaça discrètement celles-ci près du thé sur le bureau d’Hifumi.

« Oh, maintenant que j’y pense, il restait quelques gâteaux. Merci. » (Hifumi)

Tournant son regard vers Origa, il lui sourit.

Origa, souriant en retour, renouvela son idée selon laquelle Hifumi possédait une ‘’nature bienveillante’’.

 

 

Même s’il est vrai qu’il aime tuer, ce sourire sur son visage est tout à fait réel et sincère.

Je ne peux m’empêcher de rougir en me rappelant notre rencontre, lorsqu’il m’a acceptée alors que je n’étais qu’une esclave, et que je l’ai approché dans le seul but de lui plaire.

Obnubilée par la vengeance, je n’avais pas remarquée que pendant que je tentais désespérément de l’utiliser pour devenir plus forte, il me souriait.

Et j’ai reçu cette occasion irremplaçable pour accomplir ma vengeance, de mes propres mains, sans compter sur personne.

« Désolé, je t’ai fait attendre. » (Hifumi)

Lorsqu’Hifumi s’assit devant elle, Origa sourit naturellement.

« Qu’étiez-vous en train d’écrire ? » (Origa)

« Ah, je vais me rendre dans les plaines désertiques afin de rencontrer les homme-bêtes. J’écrivais donc les directives que le groupe de Caim allait devoir suivre en mon absence. » (Hifumi)

« Regarde. » Il lui présenta un document. Celui-ci était recouvert d’instructions concernant l’administration et le développement du territoire écrites en caractères angulaires.

« C’est une simple liste. Les détails pourront être décidés sans moi. Après tout, je prévois de partir en voyage… » (Hifumi)

Voyant la liste, Origa se décomposa.

Pendant qu’elle arrangeait son apparence, Paryu lui avait expliqué qu’Hifumi allait se diriger vers le territoire des homme-bêtes, et même le territoire au-delà, Swordland, aussi appelé le Pays Chevalier.

Maintenant qu’elle l’apprenait de la bouche de la personne concernée, elle comprenait clairement qu’à nouveau, elle n’était pas incluse dans le groupe partant là-bas.

Dissimulant les pensées assaillant sa poitrine, Origa endura.

« Hifumi-sama, avec votre force, vous atteindrez facilement le territoire des homme-bêtes, et même les vastes plaines au-delà. » (Origa)

« Tu exagères. Considérant la situation, je vais simplement me déchainer si le désir se fait sentir. » (Hifumi)

Origa se leva et versa de nouveau du thé noir dans la tasse d’Hifumi, dont les joues avaient gonflées après avoir jeté plusieurs gâteaux dans sa bouche.

Hésitant légèrement, Origa prit la parole.

« Umm… N’est-il pas possible de me laisser participer à ce voyage ? » (Origa)

En entendant les mots d’Origa, Hifumi ouvrit grand les yeux.

« C’est un voyage à travers des terres désolées. Il n’y aura aucun village ou ville tu sais ? » (Hifumi)

« Cela ne me dérange pas. Du moment que je suis avec vous, je peux aller n’importe où. » (Origa)

Hifumi se mit à réfléchir en caressant son menton.

« C’est problématique. Je prévoyais de te laisser ce territoire, Origa. De plus, je voulais te demander autre chose… » (Hifumi)

« Autre chose ? » (Origa)

Hifumi l’invita à côté de lui, puis approcha sa bouche de son oreille afin de lui dire une chose que personne d’autre n’allait pouvoir entendre.

Lorsque le visage d’Hifumi s’approcha d’elle, Origa parvint à peine à calmer son cœur qui battait la chamade, mais après avoir entendu ce que souhaitait lui dire Hifumi, elle oublia toute nervosité et fut surprise au point d’en sursauter.

« Une telle chose ! Dans ce cas, Hifumi-sama est… » (Origa)

« Ne trouves-tu pas cela amusant ? » (Hifumi)

Voyant Hifumi rire comme si cela l’amusait, Origa pensa, finalement, je ne fais pas le poids face à lui.

« S’il-vous plait restez à mes côtés lorsque le moment sera venu. Si vous pouvez me le promettre, je resterai à Fokalore comme vous me l’avez demandé, Hifumi-sama. » (Origa)

« Ah bon ? Merci. » (Hifumi)

« Toutefois. » (Origa)

Origa s’agrippa au bras gauche d’Hifumi.

« Je n’arriverai pas à supporter la solitude lorsque vous serez parti. Ainsi, veuillez restez à mes côtés jusque là… » (Origa)

Face aux supplications d’Origa qui avait les larmes aux yeux, Hifumi parut troublé.

« …En considérant la situation calmement, je suis heureux que tu aimes un homme comme moi. Mais ne penses-tu pas que tes goûts en matière d’hommes sont plutôt mauvais ? Quelqu’un comme moi, ne cessant de tuer, peut être tué à tout moment. Cela peut arriver dans 10 ans, mais aussi demain. » (Hifumi)

« Je risque de te laisser seule tout à coup, et de ne jamais rentrer de mon voyage. » Continua Hifumi.

« Quand cela arrivera, je vous accompagnerai. » (Origa)

Déclara Origa en regardant Hifumi droit dans les yeux.

« J’abandonne. » Hifumi leva ses deux mains en signe d’abandon, puis enlaça les épaules d’Origa.

« Origa, je te laisse ce territoire en mon absence. » (Hifumi)

« C’est… » (Origa)

« Oui, je veux te laisser le futur, à toi, en te prenant comme épouse, mais est-ce que cela te pose un problème ? » (Hifumi)

« Je n’ai aucune raison de refuser ! » (Origa)

Origa plaça ses bras autour du cou d’Hifumi et lui offrit sa réponse en pleurant.

Malgré sa joie immense, ses larmes ne s’arrêtaient pas de couler le long de ses joues.

Origa, après avoir pleuré pendant quelques minutes, approcha son corps de celui d’Hifumi et lui offrit un baiser qui jusqu’à maintenant n’était qu’un rêve.

 

« Mariage, eeh ? Cette personne… ? » (Sabnak)

Examinant lentement le rapport régulier des chevaliers, chargés d’observer les alentours, d’après lesquels un mariage allait être organisé sur le territoire de Fokalore, Sabnak leva les yeux au ciel.

« Je ne connais pas cette personne du nom d’Origa-sama. Est-elle proche du Comte Tohno ? » (Shibyura)

Shibyura, balayant du regard les documents placés sur le bureau, versa du thé noir dans la tasse placée devant Sabnak.

« Proche ? Je suppose. Puisqu’il n’a pas de proches dans ce monde, elle peut être considérée comme la femme ayant passé le plus de temps à ses côtés. Il s’agit d’une femme adorable possédant un certain talent en magie. » (Sabnak)

Une femme bien différente d’Hifumi, rajouta Sabnak dans son esprit.

« Cela veut donc dire qu’elle occupe une place qu’elle mérite. » (Shibyura)

« C’est peut-être vrai. Mais j’ai du mal à accepter l’idée que cette personne accepte une épouse. S’est-il enfin décidé à se calmer ? » (Sabnak)

Se levant, Sabnak récupéra les documents.

« Tu sors ? » (Shibyura)

« Oui, si je ne rapporte pas cela à Imeraria-sama… » (Sabnak)

« J’aimerai qu’Imeraria ne soit pas déçue par la nouvelle, mais… » (Shibyura)

Sabnak ne parvint pas à comprendre les inquiétudes de Shibyura.

« Je pense pourtant qu’il s’agit d’une nouvelle méritant des félicitations ? Ainsi, nous pouvons conclure qu’Hifumi-sama a enfin décidé de s’installer dans ce pays. » (Sabnak)

« Tu es étonnamment ignorant. Et ce, malgré avoir observé Imeraria-sama de près. » (Shibyura)

Il ne sait pas remarquer les sentiments d’une femme avant que celle-ci ne soit blessée.

« Inutile de reparler de tout cela. Mais peux-tu expliquer la situation à ton idiot de mari ? » (Sabnak)

« Imeraria-sama convoite le Comte Tohno, même si elle n’en est probablement pas consciente. » (Shibyura)

« Haa ? » (Sabnak)

« S’il-te-plait, tu es le Capitaine des Chevaliers, alors arrête de me regarder avec cet air stupide », Shibyura continua son explication.

« Réfléchis. L’opinion de cette jeune femme est distordue par son attirance pour Hifumi-sama et son désir de revanche contre lui. La stabilité de ce pays et la sécurité d’Imeraria-sama contre la rébellion récente ont été assurés par le Comte Tohno. Pour Imeraria-sama, qui se pose de nombreuses questions sur le sujet, il est probablement reflété dans ses yeux à la fois comme un héros et comme un ennemi. » (Shibyura)

J’ai quand même le sentiment qu’une partie est simplement un désir, ou une désillusion de ta part, jugea Sabnak qui préféra se taire.

Après un court temps passé avec elle, il savait que s’il osait lui dire quelque chose d’inutile, elle risquait de riposter bien plus durement.

« P-Peu importe, j’ai décidé de remettre mon rapport à Imeraria-sama. Merci. » (Sabnak)

Sabnak, quittant la pièce comme s’il fuyait, finit par penser, « Est-ce vraiment possible ? » et essaya de baisser les yeux lors de son rapport à Imeraria. Il tentait de se retenir afin de ne pas être influencé par l‘influence de Shibyura.

Sans rien d’autre qu’ordonner l’envoi de présents aux jeunes mariés après avoir reçu le rapport, Imeraria ne mentionna rien d’autre.

 

Après le mariage d’Hifumi, de nombreux cadeaux de félicitations furent délivrés de la part d’Imeraria, mais aussi de la part des nobles de la nation, de Biron et des autres employés. Même le roi d’Horant, Suprangel, présenta plusieurs outils magiques par l’intermédiaire de Nelgal, qui étudiait actuellement sur le territoire de Fokalore.

Les festivités continuèrent à travers Fokalore pendant plusieurs jours, de nombreuses rumeurs circulèrent sur la beauté d’Origa, épouse du Seigneur, et sur ses capacités magiques et de combat apparemment aussi impressionnantes que celles d’Hifumi.

Sans perdre de temps, Origa profita de cette vie de jeune mariée, et inspecta et révisa chaque département du territoire. Elle investit un effort considérable afin de comprendre de quel genre de personne Hifumi avait besoin.

Au départ, elle fut traitée comme une roturière, une nouvelle noble fourrant son nez dans la politique comme s’il s’agissait d’un jeu. Certains membres du personnel la rejetèrent même. Mais avec son attitude, son désir de comprendre les affaires de chaque département administratif, elle fut petit à petit acceptée.

Alyssa et les officiers civils, en commençant par Caim, prirent du temps afin d’expliquer à Origa les plans et objectifs du territoire. Sous la tutelle de Caim, les structures de travail furent rapidement arrangées avec Origa en leur centre, en ajustant les installations de la maison du Seigneur.

Avant même que quiconque ne puisse le remarquer, le système se mit à tourner autour d’Origa, de façon à ce qu’un jour, Hifumi n’ait même plus à toucher le moindre document.

Profitant de cela, Hifumi accéléra ses préparations. En un clin d’œil, Hifumi fut prêt à partir.

Origa, Alyssa, les officiers civils et une foule de membres du personnel et de soldats étaient actuellement rassemblés autour d’Hifumi, qui se tenait sur un cheval à la sortie de Fokalore, afin de lui dire au revoir.

Certains citoyens ayant eu vent de la nouvelle étaient même présents.

« Je prendrai soin de cet endroit, Hifumi-sama, alors profitez de votre voyage l’esprit léger. » (Origa)

Origa pleurait en annonçant cela.

Je ne sais pas combien de temps nous resterons séparés.

Mais je ne vous retiendrai plus.

Ayant reçu une tâche de la part d’Hifumi, elle se jugeait capable d’endurer son absence.

« Oui, à mon retour la ville aura sûrement grandi. De plus, les soldats et armes se seront renforcés. J’attends avec impatience de voir cela. » (Hifumi)

« Tout à fait. Laissez tous les problèmes futurs entre nos mains et celles de votre femme. » (Caim)

Tout comme Caim, les officiers civils saluèrent poliment Hifumi.

« Et je ferais attention aux affaires militaires ! » (Alyssa)

Hifumi caressa grossièrement les cheveux d’Alyssa, venant de s’exclamer cela les larmes aux yeux.

« Défendez bien la ville, même si les homme-bêtes venaient à attaquer. » (Hifumi)

« Bien, il est temps de partir. » Lorsqu’Hifumi annonça son départ, les membres du personnel et les soldats le saluèrent.

« Hifumi-sama, faites attention… » (Origa)

« Tout va bien se passer. J’ai encore envie de me battre et de tuer dans ce monde. » (Hifumi)

Il s’agissait d’un discours tout sauf rassurant, mais pour Origa, il s’agissait d’une bonne nouvelle.

Avec un sourire radieux, elle regarda partir son mari.

L’homme, ayant tué à de nombreuses reprises et impliqué trois royaumes dans ses caprices, se dirigea seul vers les terres désolées.

« Puisqu’ils s’appellent homme-bêtes, j’espère combattre sauvagement. » (Hifumi)

« Quel plaisir. » Excité et de bonne humeur, Hifumi galopa à travers champs sur son cheval, sous un soleil jaune doré.

 

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Blastaf

1 Comment

  • merci pour le chapitre !!!! ha est…. dommage qu’il laisse sa femme comme ça…. il la mérite pas !!!!

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