La Fille Qui a Mangé la Mort – Chapitre 7

 

Chapitre 7 : Les Pommes Rouges Semblent Plus Délicieuses

La Troisième Unité d’Armée du Royaume était poursuivie, et, le regard tourné vers la Château Antigua, ils continuaient à sonner une retraite désespérée. Chaque membre de l’unité avait reçu au moins une blessure, leur équipement était abimé, et une profonde fatigue s’emparait petit à petit de leurs corps. Les soldats laissés derrière par le corps principal d’armée avaient été écrasés, et chacun s’était rendu après avoir jeté son épée au sol.

 « Haah, haah, quelle honte… rentrer ainsi. Je préférerais mourir au combat que de vivre une telle disgrâce ! Remettez-vous en formation de combat, et préparez-vous à un second affrontement décisif !! »

Criait Yalder, le souffle coupé et le visage rougi par la honte.

Pour lui, qui avait continué de marcher sur une route pavée de succès et qui allait bientôt avoir 50 ans, il s’agissait de son premier échec.

Les silhouettes des Généraux Majors Kyros et Dhanush, menant l’Infanterie Lourde et la division de Cavalerie, étaient introuvables. Lors du précédent engagement dans les Plaines Alucia, les explosions les avaient pris par surprise, et ils avaient disparus.

L’Armée de Libération avait placé la Princesse Alucia sur le front en tant qu’appât, et cela avait fonctionné. En effet, ils avaient réussi à attirer les Divisions Lourdes, mais aussi l’armée du Royaume toute entière, menant au résultat actuel.

Sidamo avait deviné qu’il s’agissait d’un piège, mais il ne possédait pas l’autorité nécessaire pour arrêter les officiers militaires et leur enthousiasme. Et maintenant qu’ils étaient assez près pour voir le visage de l’ennemi, le sol explosa en rougissant.

Comme une réaction en chaine, plusieurs endroits se soulevèrent, avalant les soldats du Royaume.

L’infanterie lourde et la cavalerie si chères à Yalder avaient été simplement détruites sans même pouvoir croiser le fer. Criant, l’Armée de Libération, en formation de flèche, lança sa charge contre l’Armée du Royaume qui venait de céder à la panique.

Yalder, le commandant des troupes, tenta de rallier tout le monde, mais l’action qui s’ensuivit décida de l’issue du combat.

Depuis une colline légèrement surélevée, de nombreux drapeaux de l’Empire apparurent, et des tambours de guerre retentirent avec assez de force qu’ils paraissaient capables de fendre les cieux. D’une façon totalement inattendue, l’armée de l’Empire rejoignit la bataille.

Lorsqu’une unité de cavalerie portant l’armure de l’Empire se mit à charger, le peu de courage et de motivation présent chez les soldats du Royaume disparut. Après tout, l’armée du Royaume était majoritairement constituée de membres du peuple. Les soldats prêts à combattre et abandonner leur vie pour le Royaume constituaient probablement moins de 10% de l’armée.  Ils ne faisaient pas le poids face à l’Armée de Libération, dont le moral était à son plus haut niveau possible. Même si l’Armée du Royaume possédait l’avantage écrasant du nombre, elle jouait actuellement le rôle disgracieux de l’armée en déroute.

Actuellement, plus personne n’écoutait les ordres de Yalder. Kyros et Dhanush, isolés, avaient été attaqués par une unité d’élite portant le Drapeau du Lion, et leurs têtes avaient été tragiquement récoltées.

Ce ne fut que plus tard que le Royaume apprit que les soldats de l’Empire venant d’apparaitre étaient faux – que l’Empire Keyland ne s’était pas engagé dans la guerre. Les personnes qui brandissaient les Drapeaux de l’Empire étaient des citoyens ordinaires, et la cavalerie équipée d’armures de l’Empire était constituée de mercenaires. Utiliser les civils était une tactique mondaine de ruse, mais grâce à l’état important de confusion déclenché par les mines terrestres, l’armée du Royaume était tombée dans le piège. Lorsqu’une personne perdait son sang-froid, son jugement était irrémédiablement altéré.

« Votre Excellence. Réorganisons nos positions à Antigua et attendons une chance de laver se déshonneur. Si nous tentons d’engager une nouvelle bataille décisive dans notre état actuel, l’issue est facilement prévisible. Cela est regrettable, mais nous n’avons plus la force de combattre. »

En entendant les paroles de Sidamo, Yalder regarda les soldats tout autour de lui.

« C’est…c’est…c’est notre glorieuse Troisième armée ? Nous sommes tombés bien bas. Pourquoi… ! Je ne comprends pas ! Je ne savais pas que l’Empire participait à la guerre ! Que font ces hommes dans mon pays !? »

« Votre excellence, à propos de ça— »

Tout à coup, deux cavaliers apparurent pour transmettre davantage de mauvaises nouvelles au commandant qui serrait les poings de toutes ses forces.

« Votre Excellence Général Yalder !! »

« Quoi encore !? Est-ce que d’autres pays en ont profité pour fonder une alliance et rejoindre la guerre !? Ces sales déchets ! »

Le Royaume Yuze contrôlait la partie nord du continent Mundo Novo. A l’ouest, l’Empire Keyland agrandissait sa sphère de contrôle.

Le sud était quant à lui uni par l’Union Doleback. Le sud-est du continent était auparavant contrôlé par le Royaume, mais profitant de la panique lors de l’apparition des démons, les seigneurs féodaux avaient déclaré leur indépendance. Ceux-ci avaient formé une alliance, puis une nation à part entière. Ils possédaient des terres fertiles, un accès à l’océan, de larges quantités de minerais dans leur sol ainsi qu’un grand pouvoir économique. Ces dernières années, leur influence s’était rapidement développée, les menant à une grande richesse et une impressionnante puissance militaire.

La plus grande cause de déclin du Royaume était la perte de ce territoire abondant. Bien sûr, celui-ci était désespéré et souhaitait à tout prix le récupérer, et y avait donc envoyé de nombreuses expéditions militaires.

Toutefois, l’Union avait offert des fonds et ressources à l’Empire, entrant ainsi dans une alliance militaire. Ils avaient coopérés, combattant le Royaume sur deux fronts.

Peu après, les combats s’étaient éternisés, et l’Union, ayant subi les assauts continus du Royaume, avait abandonné et s’était résolue à payer une large indemnité ainsi qu’à signer un cessez-le-feu. Entre chaque pays, un pacte de non-agression avait été convenu.

Il s’agissait là de la série d’évènements ayant mené à la Grande Guerre du Mundo Novo, 200 ans plus tôt.

« V…Votre Excellence, nous avons un pacte de non-agression avec l’Union— »

Yalder répondit aux marmonnements de l’un des officiers civils par un cri,

« Silence ! Ils ont profité de la rébellion et imposé un embargo, alors quel pacte !? Aucun doute, ils se rient bien de notre malheur ! »

« T-toutes mes exuses. »

« —Messager, continue ton rapport ! »

Mais personne ne parvint à assimiler l’information qui sortit de la bouche du messager.

« Sir ! J’ai confirmé la présence de drapeaux ennemis flottant au dessus du Château Antigua ! Il s’agit du Drapeau de l’Armée Rebelle ! Antigua est tombé !! »

Pendant un instant, le temps sembla s’arrêter.

« Qu-Que dis-tu ? Comme si cela était possible !! Il y avait 10 000 soldats là-bas !! Le château n’aurait pas pu tomber aussi facilement !! »

Indigné, Yalder agrippa le col du messager. Même Sidamo n’arrivait pas à dissimuler son inquiétude, face à l’information que même lui n’avait pas prédit.

Un autre messager continua le rapport.

« D’après les soldats ayant réussi à fuir le château, de nombreux traitres ont ouvert les portes du château aux ennemis qui sont immédiatement entrés. Le Général Major Rustam, en charge de la défense, a été tué au terme d’un dur combat contre l’Armée Rebelle. Antigua est complètement tombé aux mains de l’ennemi ! »

Profitant de la faille causée par le départ dans les plaines de l’armée principale, une force détachée avait attaqué Antigua. Le château avait été ouvert de l’intérieur par des alliés informés à l’avance. Au final, la Troisième Armée avait donc été attirée par l’ennemi, pendant que leur importante base leur était volée.

A partir de maintenant, le Château Antigua, un point vital de défense, appartenait à l’Armée de Libération de la Capitale Royale mais allait probablement aussi permettre à l’Empire d’envoyer des renforts.

« Oh, oooohhhhh. »

« ……Votre Excellence. Nous ne pouvons plus avancer vers Antigua. Battons en retraite pour nous diriger vers Belta, à l’est. Nous avons des stocks de provisions là-bas. Si nous ne nous dépêchons pas, l’Armée Rebelle risque de s’en emparer. »

Belta se trouvait à l’est d’Antigua. Les gardes y étaient peu nombreux en raison de la concentration des forces à Antigua. S’ils ne se dépêchaient pas, ils risquaient aussi de perdre cette région près de la frontière.

« ….Non. J-Je vais récupérer le Château Antigua. Je dois absolument le récupérer. Sa Majesté m’a personnellement ordonné de le défendre n’est-ce pas ? De plus, même si notre Troisième Armée a été vaincue, n’avons-nous pas encore 30 000 soldats en bonne santé ? Si nous attaquons jour et nuit— »

« Nous ne pouvons pas, Votre Excellence ! N’oubliez pas que nous sommes poursuivis par l’Armée Rebelle ; nous risquons d’être pris en tenaille ! Nous devons immédiatement changer de trajectoire ! Nous ne pouvons pas nous permettre de lancer une offensive contre Antigua ! Je vous en supplie, pitié, ordonnez aux troupes d’avancer vers l’est. »

Insista Sidamo, désespéré, tout en secouant le corps du Général Yalder. Un siège dans l’état actuel des choses était tout simplement impossible. Ils risquaient l’annihilation, et l’Officier Chef du Personnel Sidamo devait arrêter cela à tout prix. Même s’il risquait de perdre la confiance de Yalder, il devait au moins parvenir à le faire changer d’avis

« —Kuh ! »

« Votre Excellence ! »

« …Je comprends. Je vais vous écouter. La Troisième Armée changera de route, et partira défendre Belta. Là-bas, nous réorganiserons les troupes avant d’engager un nouveau combat décisif. Est-ce que… Est-ce que cela vous convient ? »

« —Sir, nous comprenons. Notre route a changé ! Direction Belta ! Que toutes les troupes changent de direction !! »

—Après cela, l’Armée de Libération, pourtant obstinée, arrêta étonnamment sa poursuite. 30 000 soldats ayant été préservés, la Troisième Armée parvint à battre en retraite jusqu’à Belta.

Bien sûr, l’Armée de Libération venait de gagner le contrôle total de la région autour de la frontière, mais puisque la défense de Belta était maintenant plus renforcée que prévu, elle préféra renforcer son armée au Château Antigua maintenant occupé.

Il existait une raison pour laquelle l’Armée de Libération n’avait pas poursuivi la Troisième Armée et gagné le contrôle total de Belta : leur entrepôt de nourriture avait brûlé. Sans provisions, les soldats ne pouvaient pas combattre.

L’engagement s’était donc soldé par la victoire de l’Armée de Libération, même si la perte de 3 000 mercenaires en raison de circonstances inattendus était un cop dur. Maintenant, il fallait du temps à l’Armée de Libération pour terminer ses préparations.

L’unité de 2 500 cavaliers menée par Schera était passé à côté de la forteresse ennemie, la Forteresse Salvador, sans la moindre gêne. Et afin de fuir en direction de la région de Belta, l’unité avait décidée de traverser la Rivière Alucia.

Mais comment avaient-ils donc traversé le territoire contrôlé par l’ennemi ? La réponse était facile, il suffisait de regarder les membres de l’unité de cavalerie. Le drapeau brandi était celui de l’Armée de Libération de la Capitale Royale, et chaque membre de l’unité était déguisé, portant l’équipement des soldats de l’Armée du Royaume. Tous ces articles avaient été récupérés dans l’entrepôt de nourriture attaqué.

« J-Je ne pensais pas que cela marcherait aussi bien. »

« C’est l’armée rebelle. Ils reçoivent de nombreux déserteurs, soldats de l’Empire et mercenaires n’est-ce pas ? Je suis donc partie de l’idée qu’ils ne pouvaient pas se souvenir de chaque visage. Plutôt que de nous infiltrer, il est bien moins suspect d’avancer ouvertement. »

« Vice-Commandante Schera est bien trop courageuse. Nous ne pourrions jamais vous imiter. Personnellement, je serais totalement incapable de discuter tranquillement avec les soldats ennemis. J’avais tellement peur qu’ils vous attaquent. »

« Heureusement que les commandants ennemis que nous avons rencontré étaient étonnamment idiots. Mais bon, leur confusion n’est pas vraiment étonnante. Moi aussi je deviens facilement irritable quand j’ai faim. »

« Vice-Commandante, prenez ça si vous voulez. »

L’un des cavaliers proches de Schera sortit un fruit vers de son sac et le lui présenta. Le fruit était légèrement mangé par les insectes, mais pas moisi.

« Oh, qu’est-ce que c’est ? »

« Je l’ai trouvée dans l’entrepôt. C’est une pomme verte. C’est un met rare par ici, alors j’en ai récupéré quelques-unes. Une fois mûres, elles sont délicieuses. »

« Parfait, je commençait justement à avoir faim. Merci. Mais je ne pensais vraiment pas trouver des pommes vertes. »

« En effet, elles sont rares au Royaume. Les seules pommes que nous avons chez nous, ce sont des pommes rouges. »

« J’ai tout à coup envie d’en manger des rouges. »

Un filet de jus s’écoula de la bouche de Schera lorsqu’elle mordit dans le fruit. Le cavalier la regarda, plongée dans son repas, d’un air joyeux et amusé.

Les membres de la cavalerie avaient déjà accepté Schera en tant qu’officier supérieur, même si sa position n’était que temporaire. Durant les combats, ils avaient été témoins de sa force et de son audace. ‘N’est-elle pas l’officier commissionné le plus puissant du Royaume ?’, cette question trottait même dans leurs esprits lorsqu’ils voyaient la jeune commandante manier avec une facilité déconcertante son énorme faux.

Suit le puissant, et tu pourras vivre. Les soldats savaient parfaitement cela. Il était même pertinent de dire qu’ils avaient été subjugués suite à un incident survenu un peu plus tôt.

Un officier commissionné et ses troupes avaient poursuivis l’unité depuis la forteresse de l’Armée de Libération, et lorsque Schera avait discuté avec l’officier en simulant son ignorance, tous les membres de l’unité avaient été assaillis de sueurs froides. Elle avait présenté la tête de son prédécesseur, l’ancien Officier Commandant de la Cavalerie mort en combat, tout en expliquant que son unité avait réussi à tuer le commandant ennemi, mais qu’elle poursuivait actuellement les soldats ayant réussi à prendre la fuite dans les bois. Les équipements de mercenaires étaient différents de ceux des soldats réguliers. Ils étaient plus vieux et abimés, facilitant ainsi leur déguisement. Ainsi, pour devenir de parfaits mercenaires aux yeux de l’ennemi, l’unité de Schera avait récupéré des armures dans l’entrepôt précédemment attaqué et sur les cadavres des mercenaires tués là-bas.

Au départ, l’officier ennemi avait des doutes, mais en plein milieu de l’histoire, il s’était exclamé ‘Si nous ne nous dépêchons pas, ils risquent de prendre la fuite’, impatient de récolter quelques honneurs, avant de mener ses troupes dans la forêt.

Bien sûr, il n’y avait rien là-bas. Tout ce qu’il y avait, c’était le Château Antigua, déjà aux mains de l’Armée de Libération.

« Vice-Commandante Schera. Mauvaises nouvelles. Des soldats ennemis gardent la rivière. Nous avons probablement été repérés. »

« Oh, c’est ennuyeux. »

« Que devrions-nous faire ? Avec leur nombre actuel, nous pourrions passer de force. »

S’exclama l’un des membres du groupe, chuchotant à l’oreille de Schera après avoir approché son visage du sien. Elle tourna la tête d’un air tout à fait naturel afin de n’éveiller aucun soupçon, et vit une force de 100 hommes se diriger vers elle, probablement pour vérifier la situation de son unité de cavalerie.

« Nous n’avons pas d’autre choix. Pour l’instant, rencontrons-les. Si je vous donne le signal, tuez-les. Toutefois, il vaudrait mieux éviter à tout prix le conflit. Il ne faut pas trop attirer inutilement l’attention sur nous. »

« Compris ! »

 Schera et son unité changèrent la trajectoire de leurs cheveux et s’approchèrent de l’escouade.

Un homme portant une cicatrice à la joue fixait Schera du regard. Il était le seul homme à cheval, et semblait être le commandant.

Les membres de l’escouade dirigèrent leurs lances vers l’unité de Schera, adoptant une position de combat.

Schera pouvait constater leur vigilance. Ou peut-être avaient-ils été exposés ? Schera décida de prendre la parole en première.

« Bon travail ! Nous sommes la Cavalerie de l’Armée de Libération de la Capitale Royale ! Nous nettoyons actuellement les restes de l’armée vaincue du Royaume ! »

« J’aimerai entendre votre nom complet ainsi que votre affiliation exacte ! Veuillez nous pardonner, mais il s’agit de notre devoir ! »

L’homme parlait aussi fort que Schera. Il n’allait probablement pas être facile à berner. Apparemment, il était différent des idiots rencontrés jusqu’à présent.

« Armée de Libération de la Capitale Royale, affiliée à la Première Division, je suis la Second Lieutenant Schera menant la Treizième Unité de Cavalerie. J’aimerai moi aussi que vous vous présentiez ! »

« ……..Très bien. Nous sommes les réservistes de l’Armée de Libération de la Capitale Royale, affiliés à la Première Division. Je suis le Second Lieutenant Callus. Je commande une force organisée temporairement. »

« Je comprends. Bien, nous sommes pressés, pouvons-nous partir ? L’ennemi risque de s’enfuir. »

« ….Je n’ai pas reçu le moindre message selon lequel une unité de cavalerie poursuit l’ennemi. »

« Probablement un problème de communication. Cela arrive souvent sur le champ de bataille. »

« Plus tôt, nous étions en charge de la défense de l’entrepôt de nourriture. Notre devoir est maintenant de trouver l’unité de cavalerie ayant justement attaqué cet entrepôt. Apparemment, elle se trouve actuellement près de cette zone. »

Callus agrippa le pommeau de son épée.

Schera observait quant à elle calmement la situation. Sa faux était immobile dans son dos.

« Je vois. Et alors ? Peut-être pensez-vous que nous sommes cette même unité de cavalerie ? »

Les coins de la bouche de Schera se soulevèrent. Elle se positionna de façon à pouvoir prendre sa faux à tout instant.

« …Je vais vous demander une dernière vérification. J’aimerai que vous me montriez vos papiers d’identification. Tous les officiers et hommes de l’Armée de Libération en ont, même les recrues, comme vous devriez probablement le savoir. J’aimerai que vous me les montriez immédiatement.—Immédiatement ! »

Lorsque Callus fit un signe de la main, tous les membres de son unité dirigèrent la pointe de leurs lances en direction des cavaliers.

« …Ah, ça. Attendez un instant, d’accord ? Je suis sûre de les avoir rangés dans ce sac— »

Tout en approchant sa main du sac attaché au flanc de son cheval, Schera prit tout à coup le manche de son énorme faux et attaqua Callus.

Callus, sur ses gardes, parvint à esquiver de peu l’attaque.

« Je savais que vous étiez l’unité de cavalerie responsable de l’incendie !! Vous avez osé vous déguiser en membres de l‘Armée de Libération, quelle tactique écœurante !! »

« Ton intuition est plutôt bonne. Toutefois, tu es un idiot. Tu penses vraiment pouvoir nous arrêter avec un tel nombre ? Souhaites-tu mourir ? »

« Silence ! Descendez immédiatement de vos montures, jetez vos armes et rendez-vous ! Des renforcements arriveront bientôt ! Vous êtes pris au piège ! »

« Nous refusons. Après tout, vous êtes déjà morts. »

« —— !! »

Schera attaqua de nouveau avec sa faux.

Callus parvint à arrêter le coup avec son épée longue en forme de croissant de lune, mais la puissance derrière l’attaque l’empêcha de contrattaquer.

« Attention. Si tu ne pares pas mes coups, je risque de prendre ta tête !! »

« C-Cette gamine. Elle est puissante ! »

Callus tenta d’asséner quelques attaques, mais chaque coup était paré avec une facilité déconcertante. Pourtant, chaque mouvement de Schera était assez puissant pour engourdir ses mains. Petit à petit, la vitesse et la force des attaques de Callus diminuait. Sa force physique mais aussi sa motivation diminuaient visiblement.

Et Schera en profita.

« Meurs ! »

« Kuh— »

Après plusieurs feintes, la lame bien-aimée de Schera approcha du cou de son adversaire, le pénétrant horizontalement avec une grande facilité.

Après s’être fait dominer tout du long, Callus reçut une attaque directe et tomba de son cheval.

—Une mort instantanée.

« Cavaliers, tuez tout le monde !! Ne laissez personne s’échapper ! »

« Ou !! »

« Tuez les rebelles !! »

Depuis le départ, l’unité de cavalerie surpassait l’ennemi en nombre. En quelques minutes seulement, tout le monde avait été tué.

Schera avait prit l’initiative, et brandissant librement sa large faux, avait massacré les membres de l’Armée de Libération. L’unité de cavalerie avait subi quelques pertes, mais n’avait pas été repérée par les renforts en approche.

S’ils voulaient traverser la rivière, il s’agissait du moment parfait.

« —Bien, commencez à traverser. Ensuite, nous fuyons à toute allure. Cela vous convient ? »

« Sir ! Nous accompagnerons la Vice-Commandante Schera jusqu’à la fin ! »

« Une fois rentrés, mangeons ensemble. Ce sera ma tournée. En échange, apprenez m’en plus sur les plats délicieux qui existent en ce bas monde. »

« Sir ! Laissez-nous faire !! »

« Nous avons été découverts, alors plus besoin de faire semblant. De toute façon, ces armures sont maintenant couvertes de sang frais. »

Après avoir essuyé la sueur dans ses sourcils, Schera pointa du doigt l’armure couverte du sang de ses victimes.

« Oui, je ne pensais pas que cette ruse tiendrais aussi longtemps. »

« Retournerons-nous au Royaume comme de glorieux soldats ? »

« Bien, dressez le drapeau du Royaume ! Brisez et jetez celui de l’Armée Rebelle !! Il gâche le paysage, alors n’oubliez pas de l’écraser sous votre pied ! »

« Sir ! »

« —L’Unité de Cavalerie de Schera fait maintenant son grand retour ! »

« Ou !! »

Après avoir traversé la Rivière Alucia, l’unité de cavalerie de Schera fut attaquée plusieurs fois. Apparemment, ils avaient été repérés par des éclaireurs lors de leur précédent affrontement. La cavalerie principale de la force de poursuite leur fit même face.

Toutefois, tous furent écrasés par Schera, combattant au front de son unité et qui parvint à récupérer la tête décapitée du commandant ennemi.

Après avoir été mis en déroute, les poursuivants de l’Armée de Libération étaient au nombre de 4 000. 1 000 étaient tombés au combat. Il s’agissait d’un exploit militaire incroyable, tout simplement impensable de la part d’une unité battant en retraite.

Lorsque la Cavalerie de Schera arriva enfin au Château Berta, ses membres n’étaient plus que 2 000. Mais le visage des survivants était celui de guerriers, et non pas de soldats battant en retraite. Naturellement, à leur arrivée, ils avaient été gardés à distance puisqu’ils portaient toujours l’armure de l’Armée de Libération.

Mais, brandissant fièrement le drapeau du Royaume, ils ne semblaient pas vouloir lancer d’attaque. Lorsqu’ils passèrent les portes du château, ils furent accueillis chaleureusement par les gardes. Le moral des troupes, alors au plus bas, remonta rapidement lorsque les nouvelles de leur arrivée furent transmises.

La personne la plus heureuse de voir rentrer une unité de cavalerie considérée comme annihilée était probablement le Général Yalder. En apprenant la nouvelle de l’arrivée de l’unité, Yalder avait poussé un cri étrange, s’était levé de sa chaise, et son corps tout entier s’était mis à trembler de joie. Il s’était directement dirigé vers l’unité de cavalerie et, les larmes aux yeux, avait serré chaque main.

Yalder se mettait facilement en colère, mais était aussi très émotionnel. Son cœur avait été directement touché par la figure de la jeune Schera, refusant d’abandonner et se rapatriant avec courage.

Lorsqu’il voulut considérer Schera comme l’héroïne de la Troisième Armée, il fut rejeté platement, celle-ci considérant la récompense bien trop exagérée.

 

—La Troisième Armée du Royaume avait ainsi changé sa destination pour le Château Belta, avant d’essayer de maintenir sa sphère d’influence près de la frontière.

L’armée comptait 40 000 hommes, incluant les gardes et la cavalerie rapatriée.

Le Général Yalder, se sentant responsable de la défaite, décida de se suicider, mais fut arrêté par ses intendants. De la Capitale Royale vint un décret de réprimande, ordonnant à Yalder de continuer à mener la Troisième Armée et de nettoyer sa honte. Après tout, personne n’était capable d’endosser sa position, et cela avait été pris en compte.

Quant au Second Lieutenant Schera, celle-ci avait remplacé son officier supérieur mort au combat avant d’incendier l’entrepôt de nourriture ennemi.  Il s’agissait d’un coup dur ayant momentanément arrêté l’avancée de l’Armée de Libération. De plus, elle avait traversé l’encerclement ennemi et combattu bravement, tuant de nombreux hommes et officiers ennemis. Au final, elle avait permit à 2 000 cavaliers de retourner au Château Belta. Il s’agissait d’un exploit considérable. Suite à ces actes, au meurtre de Voleur et au soutien du Général Yalder, Schera fut promue à une vitesse sans précédent.

 Trois mois après avoir été promue Capitaine, on lui donna le rang de Major.

De plus, elle reçut formellement le commandement de l’unité de cavalerie dont le commandant était tombé au combat.

—Une promotion au rang d’officier de terrain à l’âge de 18 ans était un évènement jamais vu dans l’histoire du Royaume.

De son côté, Schera fêta cela par un festin, ce qui semblait la rendre plus qu’heureuse. Le seul problème était que pour une raison inconnue, elle n’arrivait pas à profiter de la sensation d’un ventre plein.

 

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Blastaf

1 Comment

  • Merci pour le chapitre.

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