Expo : Dracula fait son cinéma

Les Vampires envahissent la Cinémathèque française

Tremblez mortels ! Dracula, la nouvelle adaptation du mythique roman de Bram Stoker par les créateurs de la série Sherlock, est désormais disponible sur Netflix. Mais connaissez-vous vraiment l’histoire du célèbre comte transylvanien ? Si la réponse est non, courez à la Cinémathèque : elle vous invite jusqu’au 19 janvier 2020 sur les traces d’un mythe intemporel et fascinant qui a fortement marqué la culture cinématographique mondiale. Et pour en apprendre plus sans bouger de votre canap’, suivez le guide 😉

Les origines de Dracula: un être immortel né au Moyen-Âge

Dès l’entrée, le ton est donné avec une scénographie qui fait la part belle à l’obscurité et au gothique. À travers une série d’extraits vidéo et la présentation de gravures et dessins originaux, l’histoire du vampire nous est contée.

La légende du vampire prend racine dans une Europe médiévale décimée par les guerres et les épidémies. Au fil des décennies, le récit sanglant d’un être revenu du royaume des morts pour contaminer les vivants se répand. Mais c’est au 19ème siècle que le mythe du vampire est véritablement forgé, grâce au roman de Bram Stoker (Dracula, 1897). Depuis lors, il n’a de cesse de susciter l’imaginaire. Celui des lecteurs tout d’abord, mais aussi celui des artistes. Ce personnage immortel constitue une source d’inspiration sans limite.

Trois femmes vampires s'envolent sous les yeux de deux êtres humains
Gravure de Gustave Doré présentée dans l’expo

Le cinéma, un art vampirique ? Dracula approuve

L’exposition propose un parallèle puissant entre l’art cinématographique, qui glorifie la jeunesse éternelle et dont les caméras n’ont pas de reflet, et le vampirisme. Le terme Vamp est d’ailleurs inventé pour les idoles hollywoodiennes du début du siècle. La première adaptation sur grand écran, le Nosferatu de Murnau (1922), devient rapidement un grand classique du cinéma muet.

Mais c’est en 1931 que le Vampire accède au rang de star internationale grâce à l’incarnation ténébreuse du Hongrois Bela Lugosi dans le Dracula de Tod Browning. Ce rôle fit le succès de son interprète et ne le quitta jamais : marqué par sa noirceur et cantonné dès lors au registre de l’horreur, il s’estimera vampirisé par son personnage.

Dracula debout les mains écartées, semblant jeter un sort
Bela Lugosi dans son plus célèbre rôle : Dracula de Tod Browning (1931)

Depuis, de très nombreuses adaptations du roman de Bram Stoker ont vu le jour, plus ou moins fidèles au récit. On peut entre autres citer le fameux Dracula de Coppola. Mais aussi célèbre soit-il, le comte transylvanien n’est pas le seul de son espèce à défrayer la chronique. De Polanski à Twillight en passant par Buffy, le vampire se renouvelle sans cesse dans les styles les plus variés.

Le vampire, un être métamorphique et transgressif

Possédant la faculté de se transformer en divers animaux, son nom vient du hongrois Vámpir qui signifie Chauve-Souris. L’exposition adopte volontiers cet attribut polymorphe. Elle fait la part belle aux explorations artistiques les plus diverses du mythe du vampire : dessin, peinture, littérature, caricature… On peut ainsi admirer de splendides gravures de Gustave Doré, mais aussi des interprétations contemporaines, comme l’oeuvre de l’artiste américain Wes Lang (2019).

Un vampire, une femme ensanglantée, un château, la mort et sa faux, des squelettes
Le mythe du vampire selon Wes Lang – Fuck The Facts, 2019

L’utilisation médiatique de la figure du vampire fait l’objet d’une partie de l’exposition. La presse s’en empare régulièrement pour critiquer la sphère politique, dont la soif de pouvoir s’exerce bien souvent au détriment des administrés.

Bush apparaît en vampire suçant le sang de la statue de la liberté
Bush-vampire, couverture de The village Voice, 2004

Le vampire possède également une charge érotique largement mise en avant dans l’exposition.

À la différence du fantôme éthéré ou du zombie cataleptique, le vampire est un être éminemment sexué. Le suceur de sang est tout entier du côté de la libido et de la dévoration. Obsédé à l’idée de se reproduire, il incarne une fécondité compulsive.

Peut-être est-ce cette part charnelle du non-mort qui le rattache encore au monde des humains ?

Le nouvel-âge du vampire

Ces dernières années, le vampire bénéficie d’un regain de popularité. Plébiscité par la culture Pop qui en a fait un symbole de la fête d’Halloween, il fait désormais l’objet d’une empathie générale. Déshumanisé, violent et sans pitié à ses débuts, le vampire est devenu, au fil des adaptations cinématographiques et littéraires, un être incompris en pleine quête identitaire. Un être qui nous ressemble, bien loin de l’impitoyable et froid Dracula de Stoker. La série True Blood est particulièrement représentative de cette mutation de la figure du Vampire.

Les acteurs de la série True Blood debout l'air ténébreux
Dans True Blood, les vampires sont humanisés à l’extrême

Finalement l’exposition Vampires, de Dracula à Buffy invite toutes les générations à se réunir dans la célébration d’un mythe aux mille visages, héritier d’une tradition orale ancestrale et réincarné sans cesse avec talent et originalité dans le monde entier. Reste à savoir quel sera l’apport de la nouvelle série Dracula à la légende.

Dracula a le visage constellé de sang et se léche les doigts
Le danois Claes Bang incarne Dracula dans une mini-série de trois épisodes disponible sur Netflix

Infos complémentaires:
Vampires, de Dracula à Buffy
Jusqu’au 19 janvier 2020 à la Cinémathèque française
51 rue de Bercy 75012 Paris
Horaires, tarifs et billets disponibles sur le site de l’exposition

Héloïse Torreani

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