[CRITIQUE] Les Aventures d'Hercule
VolenKahn’s Review #5 : Les Aventures d’Hercule
Bonjour, bonsoir et bonnes condoléances à tous, ici VolenKahn, et aujourd’hui, nous allons parler d’un nanar, mais celui-là contrairement aux autres, était destiné à en devenir un depuis le début. En effet, une malédiction semble planer sur le personnage mythique d’Hercule. Déjà incarné par un Schwarzy sous acide âgé alors de 24 ans dans son premier film, Hercule à New York est sorti directement en VHS en 1974, et est un nanar extrêmement cheap à l’unique morceau insupportable. Et vous savez la meilleure ? Je l’ai en DVD. C’est un des miracles de la vie, je suppose. 11 ans plus tard, sort le film d’aujourd’hui. Et croyez-moi, ça vaut son pesant de pièces de bronze.
J’ai eu la chance de voir ce monument nanardesque sur grand écran (pas à l’époque hein) : Dieu que ce fut drôle. Je n’ai clairement pas vu beaucoup de classiques, comparés aux professionnels du milieu, ni même à mes parents, mais franchement, quand je vois ce genre de créations, je ne peux m’empêcher de me dire que j’ai de la chance d’aimer les nanars. Des fois, il faut regarder des films pour ce qu’il est : un divertissement pur et simple, quand bien même, et surtout, s’il a été réalisé avec les pieds. Les Aventures d’Hercule en fait partie, et ce fut un des moments les plus drôles de ma vie de cinéphile. Attendez, c’est pas souvent que la salle applaudit un personnage à l’écran !
Donc, Les Aventures d’Hercule (Poirot !) est un film péplum/fantasy réalisé par Luigi Cozzi. Et avant même de parler du film en lui-même, précisons deux choses. Premièrement, il s’agit de la suite de Les 12 Travaux d’Hercule, un étron filmique comparable aux deux autres cités auparavant. Deuxièmement, l’acteur principal avait cru signer pour 2 films, dont Les Sept Gladiateurs de Bruno Mattei, un célèbre réal de nanars aussi ; mais au final, a tourné dans le film de cette chronique sans être payé ! Entre lui et le réalisateur, l’amitié fut rompu à ce moment là.
Le film s’ouvre ainsi sur un résumé du précédent film à la Spider Man 2, qui dure 10 FOUTUES MINUTES, agrémenté de dessins du système solaire, d’une musique épique qui est trop bien pour ce film, et d’une police d’écriture qui ferait passer celle de Saturday Night Fever pour ringarde. Ainsi, on découvre qu’Hercule a affronté des animaux mécaniques en guise de ces douze travaux, qu’il a grandi pour cliver une falaise en deux grâce à la magie de la post-production, et qu’il a battu le Roi Minos dans un combat qui semblait très chiant. Mais je digresse.
Hercule, afin de contrer le plan des « dieux malveillants » (attention originalité : il veulent battre Zeus), est renvoyé sur Terre par Zeus son père, afin de retrouver les sept flèches d’airain de ce dernier. Pendant ce temps, un dangereux sorcier sacrifie toutes les filles de son village pour amadouer une créature de dessin animé. Les deux dernières filles du village, Uranie (Milly Carlucci) et Glaucia (Sonia Viviani) demandent de l’aide à notre culturiste barbu, ce dernier accepte de les aider tandis qu’elles l’aideront dans sa quête.
Et oui, contrairement au premier film, il s’agit d’un scénario original ! Mais rassurez-vous, vous n’en aurez très vite plus rien à foutre, tellement le film vous submergera d’images psychédéliques et de répliques cultes.
J’aime beaucoup ce film. C’est ce genre de film que l’on ne peut pas détester, tellement c’est kitsch et ringard. Très franchement, après cette chronique je supplierai mes parents d’acheter le film, rien que pour voir leur têtes devant l’affiche. Parce qu’il existe un blu-ray de ce chef-d’oeuvre du cinéma, réjouissez-vous.
Avant de laisser déverser ma joie dans le reste de cette chronique, je vais faire ressortir ses défauts. Car n’oublions pas la définition du nanar : un film tellement mauvais qu’il en devient drôle.
Tout d’abord, son intro. Si vous avez vu Spider Man 2, vous savez à quel point elle est inutile et longue. Mais elle a tout de même sa place dans l’introduction ; en effet, je ne pense pas que beaucoup de gens ai vu ce semi-navet.
Ensuite sa B.O. Je n’ai rien contre, elle est même plutôt bien par moments, avec quelques envolées lyriques : mais malheureusement, ça tombe vite soit dans l’oubli, soit c’est submergé sous la qualité sonore des divers bruitages grand-guignolesques, qu’il s’agisse des coups de poings, des téléportations (oui, dans un récit mythologique, il faut le voir pour le croire) ou des apparitions des monstres.
Et enfin… rien d’autre ! Franchement, je vois pas comment on peut détester ce film. Après, je conçois que les gens dés avant ou pendant Mai 68 trouve ça inintéressant ; après tout, rien ne vaut un bon Meliès n’est-ce pas ! Mais si jamais vous prenez le temps de vous plonger dans cet univers, où merde rime avec bijou, alors vous en ressortirez heureux.
Mais je philosophe, alors que je n’ai même pas encore abordé le moment que vous attendiez tous : pourquoi ce film est une pure merveille ! Je sais pas si je pourrais contenir ma joie. Vite, du Slayer pour me calmer. En fait non.
Ce qui ressort en premier de ce film, ce sont les acteurs, leur total manque d’implication, mis à part Midas (William Berger) qui s’amuse comme un petit fou, en éclatant de rire et en montrant ses 3000 dents à chaque apparitions ; la drogue fait vraiment des merveilles sur le troisième âge. Le grand prêtre aussi (Venantino Venantini, c’est vraiment son nom) est excellent, avec sa tignasse digne de la meilleure des drag queen, et ses peintures tribales (rappelez-vous, on est en Grèce !).
Les amies de notre barbu national ont elles définitivement décidées de rester de marbre (pigé ? Car on est en Grèce ! Et y’avait plein de statues à l’époque ! Tuez-moi.) devant la caméra, ou même devant. Elles en ont clairement rien à carrer de jouer dans ce film. Même le réal devait en avoir rien à carrer de son film.
Bref tous les acteurs sont merveilleux de p
aresse et d’outrance, mais la cerise sur le Nutella, c’est bien évidemment Lou Ferrigon, aka notre demi-dieu du jour ! Son impressionnante musculature lui ayant ouvert les portes des plus grandes compétitions de culturisme, il était évidemment qu’il devait comme son compère Conan rejoindre le Syndicat des acteurs ! Mais malheureusement, il ne restera vraiment gravé dans les esprits que grâce à son rôle de Hulk dans la série L’Incroyable Hulk, dans les eighties.
Vous vous doutez donc qu’un homme ayant incarné Hulk doit être un formidable acteur. Eh bien… non, c’est tout le contraire. Dès lors que sa peau n’est plus verdâtre, il devient littéralement un sac de muscle et de chair barbu, se trimbalant et frappant tout ce qui bouge dans divers décors, le tout avec une expression aussi neutre que celle d’un boeuf. C’est très simple : ses pectoraux recouverts d’huile d’olive jouent mieux que lui.
Là, vous vous dites : si les jeux d’acteurs sont aussi pourris, le reste doit l’être tout autant… Et bien oui ! C’est extrêmement jouissif que même dans les décors, c’est pourri. Si vous avez vu Kalidor, la légende du talisman, les décors sont du même niveau. Sinon, pour les (tristes) autres, imaginez le sentier pédestre qui est à 30 minutes de chez vous, mais cette fois avec des statues en carton et des poupées un peu partout : ça y est, vous êtes transporté dans le film. Les décors tiennent plus de ceux d’un documentaire que d’un film de fantasy : on passe de la plage à une grotte à une forêt à l’espace. Sans cesse.
Parlons des costumes maintenant, et quels costumes ! Certes la plupart d’entre eux font vraiment antiquité grecque (heureusement), mais pour certains, le design est plus… alternatif ; mais attention, je ne parle ici que des vêtements des personnages humains ! Dès lors qu’on parle de ceux des monstres, c’est le festival : entre costumes de carnaval et animaux informes, on ne sait plus ce qu’affronte Hercule.
Mais ce qui est vraiment le plus impressionnant, le plus délirant, le plus nanardesque dans ce film, ce sont les effets spéciaux. On passe des fées jumelles en images de synthèse aux boules de lumière flashy, en passant par les fonds verts de l’espace mal foutus. Plus le film avance, plus la drogue vous frappe violemment. Car oui, regardez ce film équivaut à une bonne séance d’aqua dans un garage, un samedi soir après avoir soigné sa fièvre ! Mais le point culminant, le moment ou ce nanar devient un vrai chef-d’oeuvre, c’est lors du combat final. Je ne vous dirai pas les tenants et les aboutissants de ce combat, seulement ceci : on voit un dinosaure affronter un gorille de dessin animé, dans l’espace sous les regards des dieux. UN DINOSAURE DANS UN PEPLUM. QU’EST-CE QU’IL VOUS FAUT DE PLUS FRANCHEMENT ? J’estime pouvoir mourir heureux, après un tel apothéose cinématographique.
Evidemment, le film est merveilleux sous bien d’autres rapports : les doublages sont hallucinants de mauvaise volonté dans l’intonation, mais aussi dans l’acting ; Hercule donne des coups de poings à la caméra, pour simuler une attaque sur un monstre ; ils disent tout le temps des conneries ; les couleurs font mal aux yeux ; la lumière est nulle ; le montage, je sais pas si ils connaissent ça ; le scénarii est bourré d’incohérences ; etc.
Verdict : Allez voir ce film. C’est tout. J’ai rien à ajouter. Les images parlent d’elles-mêmes je crois.
Et puis surtout, j’ai la flemme de faire une conclusion.
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La VolenKahn’s Review nous en apprend toujours avec une étonnante passion pour ce qu’il sait ne pas être bon: n’est ce pas finalement une métaphore de la condition humaine ? Chacun n’est-il pas fait de bon et de mauvais, de grandes actions et de basses lâchetés ?
VolenKahn met à travers ses analyses filmiques le doigt sur notre cinéma le plus intime.
Lampedusa