Les chevaux dans les jeux vidéo
Quid du cheval dans les jeux vidéo ?

Le cheval est très certainement l’animal qui a le plus marqué l’histoire et les progrès de l’humanité. Bon après le chat sur Youtube, nous en convenons. A la fois d’un point de vue social, sociétal, scientifique mais aussi culturel. Cette amitié existe depuis désormais plusieurs millénaires et reste à l’heure actuelle importante dans la vie des hommes et des femmes. À la fois pour le transport, le travail, mais aussi pour les loisirs et notamment pour le sport. Il ne faut néanmoins pas oublier que la relation Homme-Cheval est surtout basée sur l’utilisation de la force musculaire de l’équidé. Qui se retrouve alors au service des besoins et des désirs des êtres humains. Nous recensons encore aujourd’hui environ 60 millions de chevaux à travers le monde. Oui en effet, ça fait beaucoup. Voilà, maintenant que le cours d’histoire, de sociologie, de géographie, est terminé, et que vous pouvez d’ores et déjà briller en société avec ces informations, nous pouvons nous interroger sur la représentation de ce fidèle allié dans le monde du jeu vidéo. Sont-ils dans ce milieu, des « millions » ?

Si le cheval est très souvent représenté dans l’art « classique » comme en témoigne les peintures de Géricault, Stubbs ou tout simplement dans les films à grand spectacle, qu’en est-il dans les jeux vidéo ? Eh bien à vrai dire, même s’il a longtemps été discret, il a peu à peu réussi à s’imposer parmi les moyens de locomotion préférés de certains personnages, connus ou non. Et tout particulièrement à partir du passage à la 3D. De ce fait, plutôt que de dresser une chronique purement historique du cheval au sein du jeux vidéo (qui ne se terminerait jamais et ne serait pas forcément pertinente), nous préférons vous présenter quelques jeux dans lesquels ces héros animaliers sont devenus, pour le meilleur comme pour le pire, des « figures ».
La honte du jeu vidéo

Malheureusement, quand nous pensons « jeux vidéo avec des chevaux », les premiers qui nous viennent à l’esprit ne sont pas forcément les meilleurs. Si ce n’est les pires. Les constructions stéréotypées et genrées étant ce qu’elles sont, de nombreux parents ont jugé bon, durant les années 2000, d’offrir à leur petite fille un jeu Alexandra Ledermann. Toute la rédaction Error 404 tient à soutenir toutes ces victimes, qui encore aujourd’hui, ont du mal à s’en remettre. En effet, Alexandra Ledermann est une série de jeux vidéo de simulation d’équitation. Elle tire son nom d’Alexandra Ledermann (étonnant) première cavalière à gagner les Championnats d’Europe. Alors, si la forme peut paraître tout à fait correcte, étant donné que l’équitation reste un sport plutôt fun et amusant, le fond l’est beaucoup moins. Pour commencer, ne rêvez pas, vous ne jouerez jamais Alexandra. Mais alors, vraiment, jamais. Elle apparaîtra tout au plus dans l’épisode six pour vous dire « même si vous êtes pauvre vous pouvez devenir un cavalier ou une cavalière de renommée internationale ». Ceci n’est pas vrai les enfants. Les onze épisodes sur PC sont donc tous des enchaînements de moments gênants, ennuyeux, incroyablement lents et sans vie. Avec un scénario digne des plus grands films de l’histoire de cinéma comme « J’ai une jolie brosse pour la crinière de mon poney mais je ne te la prêterai pas car je suis la méchante, et que je suis secrètement amoureuse de ton copain » ou encore « j’ai donné à boire à ton cheval ». Sérieusement les gars, même la série Grand Galop c’est du Guillermo del Toro à côté. Nous ne parlerons même pas des graphismes qui ont, selon nous, environ un millénaire de retard. À tel point que nous avons failli devenir malvoyant-e-s à la fin de ce test. Entre les canassons empaillés et les personnages qui restent bloqués entre deux séquences (y compris lors de certaines cinématiques), il n’y vraiment rien à sauver dans ce genre de jeux vidéo bâclés. Qui existent uniquement pour arnaquer des enfants. Aucun scénario, des graphismes honteux, un gameplay irritant, et bien sûr, une relation homme-animal passée à la trappe.

Le cheval pour se déplacer et c’est tout ?
Mais alors, si ce n’est dans les jeux de simulation d’équitation, de vétérinaire, ou dans les SIMS (où ils se contentent d’exister et c’est… un peu près tout), où se trouvent les chevaux ? Eh bien, il ne faut pas oublier que le cheval reste, tout comme dans le monde « réel », surtout un moyen de transport. Au même titre qu’un vélo, qu’une voiture, qu’un avion ou encore qu’un vaisseau spatial. Bon peut-être un poil moins rapide, nous l’entendons. Mais il en faut pour tous les goûts après tout. Il est donc souvent présent dans les jeux vidéo d’héroïc fantasy ou tout simplement historique (ou du moins d’inspiration historique). Comme c’est le cas au sein de la saga Assassin’s Creed. Ce qui est très intéressant au travers de cette série, c’est qu’une intention particulière est accordée aux races et aux types de chevaux. En effet, des distinctions particulières leur sont attribuées en fonction de leur rôle. Le roncin, est donc généralement monté par les gardes, étant robuste et rapide. Le genet d’Espagne élégant mais faible au combat se trouve quant à lui surtout dans les quartiers du Centro. Contrairement au Destrier, qui s’apparentant à un cheval de trait, est lent, lourd, fort et donc entraîné dès son débourrage à ne pas avoir peur. Néanmoins, dans tous les opus où les chevaux sont utilisables, ils ont une capacité de sprint plutôt courte ce qui reste assez frustrant. À moins que vous ne les utilisiez dans un attelage comme dans Assassin’s Creed III, où les chariots permettent de faire des déplacements succincts entre les régions.

Dans le dernier en date, Assassin’s Creed Origins, les montures ont des niveaux de rareté allant du rare (bleu) au légendaire (doré). L’originalité des chevaux n’ont plus rien à voir avec leurs capacités ou statistiques et est donc principalement esthétique. Mais à ce niveau, le moins que nous puissions dire, c’est qu’un soin particulier est accordé à la beauté des montures. Notamment pour leur harnachement et pour la fluidité de leurs mouvements. Néanmoins, les chevaux ne sont là vraiment que pour transporter le personnage d’un point A à un point B. Dommage.

L’autre jeu qui nous vient à l’esprit concernant les interactions hommes-chevaux est Read Dead Redemption qui transporte le joueur ou la joueuse dans l’Ouest sauvage américain au début du XIXe siècle, lorsque la voiture fait tout juste son apparition dans la région. De ce fait, le moyen le plus efficace pour se déplacer dans presque n’importe quel endroit de la zone reste le cheval. Aussi, dans ce jeu, les chevaux tiennent une place centrale. Il existe par ailleurs plus d’une vingtaine de races (en incluant les mules et les équidés inclus dans les contenus téléchargeables) ayant chacune ses spécificités. Nous soulignons le certain réalisme accordé au comportement des chevaux. Ceux-ci étant des animaux craintifs, ils réagissent dès qu’ils entendent un coup de feu ou lorsqu’ils sentent un danger. Le joueur ou la joueuse est également poussé-e à capturer ses propres chevaux. Et il ou elle peut aussi se servir de son lasso, tout en restant à cheval. Une fois que la cible est interceptée, vous pouvez la traîner au sol et la torturer jusqu’à temps qu’elle succombe. Faites donc attention si vous voulez l’utiliser vivante. Enfin à moins que vous ayez des actions chez Findus. À noter également que vous pouvez piétiner des citoyens ou de petits animaux (comme les lapins) si vous galopez à pleine vitesse. Par ailleurs, contrairement à Alexandra Ledermann, si vous en avez marre de votre monture vous pouvez la tuer. Bon, n’essayez pas dans un centre équestre, car nous ne voulons pas de problèmes. Malgré tous ces bons points, (de réalisme) les chevaux n’ont pas réellement de personnalité propre, personnelle, et agissent tous de la même façon. Aucun ne se démarque réellement, et même s’ils réagissent au sifflement de leur maître, la relation entre ce dernier et sa monture reste très limitée. Nous espérons que cette « amitié » sera davantage travaillée pour le second Read Dead Redemption. Maintenant que nous avons dressé quelques exemples vidéoludiques, penchons-nous sur les chevaux connus, reconnus, que dis-je mythiques avec un nom. Eh oui, leur propre nom à eux.
Epona

Elle apparaît dans Ocarina of Time, Majora’s Mask, Four Swords Adventures, Twilight Princess et très récemment dans le dernier Zelda, Breath of the Wild. Elle fait également une apparition, rapide, dans The Minish Cap à côté de Malon qui vend son lait dans la cité d’Hyrule. Bon, nous l’avons connu dans des moments un peu plus épiques que celui-ci, certes. Il faut savoir, que son nom doit son origine à une divinité celtique gaulois, divinité représentée par un cheval. Non cela n’a rien à voir avec l’univers, simplement nous voulions vous offrir encore un petit point culture. Cette jument est surtout connue pour sa rapidité, et par le fait que Link puisse utiliser à la fois son arc, son épée, son boomerang et son grappin en pleine course. Cela rajoute un peu de « piquant » disons-nous au gameplay puisque les joutes contre les ennemis en deviennent particulièrement intéressantes. Sa robe, pourtant, assez « quelconque » (baie avec une crinière blanche) est devenue au fil du temps un marqueur de reconnaissance. Et désormais, n’importe quel joueur est capable de reconnaître Epona. À noter que de nombreux Easter Eggs se cachent dans Breath of the Wild. Parmi eux, le cheval blanc immaculé de Zelda et la colossale monture rouge et noire de Ganondorf.
Agro

Comment pouvons-nous passer à côté de Shadow of the Colossus pour ce sujet ? Impossible, même si certain-e-s d’entre nous pensons que ce jeu est un tantinet lent voire répétitif. Ou au contraire un chef d’œuvre. Le cheval, nommé Agro, est considéré comme le troisième personnage principal du jeu. Et ça, mine de rien, ce n’est pas rien pour un cheval dans un jeu vidéo. Il est fidèle et vient toujours quand son maître Wander l’appelle. Et ce au triple galop. En plus de s’avérer très utile dans quelques batailles « colossales », il revient à chaque fois retrouver son maître au temple après la mort des monstres. Petite astuce, si une sauvegarde du jeu ICO est présente dans la carte mémoire, la tâche blanche habituellement en forme de diamant sur le front d’Agro apparaît sous la forme d’un / (avec la graphie du titre d’ICO). Cela est valable pour le jeu sur PS2 et sur PS3. Notons que le récent remake sur PS4 offre à Agro une jolie petite remise en beauté. Sa robe est brillante, et nous devons bien avouer qu’il s’agit très certainement de l’un, si ce n’est du cheval, le plus réaliste du monde du jeu vidéo.

Shadow of the Colossus est en effet l’un des rares jeux à faire ressentir la puissance du cheval. Passons le fait que le héros en question est visiblement capable de rester en équilibre, avec un arc, sur son cheval à 50km/h sans étriers. Nous restons dubitatifs. Les mouvements d’Agro sont en revanche particulièrement réalistes, fluides, souples, y compris lorsque celui-ci chute, saute, s’arrête soudainement, trotte ou marche tranquillement au pas. Une véritable prouesse technique lorsque nous savons qu’il est en réalité très difficile d’animer les chevaux et encore plus de faire ressentir au joueur et à la joueuse le mécanisme si complexe du galop. Par ailleurs, la relation entre Wander et son cheval Agro est particulièrement touchante. Et il est par ailleurs possible de caresser son cheval, chose très rare.
Crindombre

Comment passez à côté des chevaux 90° de Skyrim, présenté en introduction ? Oui car si nous sommes nombreux-ses à les appeler de la sorte, c’est que les impressionnants chevaux de traits nordiques de Bordeciel, sont capables de gravir les montagnes les plus impressionnantes et ce sans le moindre effort ou presque. Bref une prouesse physionomique qui permet notamment de speedrunner le jeu assez aisément. Notons que ce « beug » n’a pas été corrigé dans la version switch, sept années après sa sortie sur PC et PS3, et que vous pouvez donc toujours escalader n’importe quelle pente ardue. Si la plupart des chevaux sont complètement « anonymes » (ou s’appelle juste cheval) un est resté célèbre. Crindombre est à ce titre un cheval unique que l’on peut obtenir en faisant les quêtes la Confrérie Noire dans The Elder Scrolls V : Skyrim. Contrairement à la croyance populaire il ne s’agit pas de « Crinière d’ombre » présent dans Oblivion. Et le fait que Lucien Lachance (qui apparaît grâce au pouvoir « Invocation d’Assassin spectral) dit « Crindombre… Mon vieil ami », en présence de l’étalon noir semble surtout une erreur venant des développeurs, ou tout simplement un clin d’œil au précédent Elder Scrolls. Etant à la base le cheval d’Astrid qu’elle considère comme « l’un des leurs » en parlant de la Confrérie Noire. Crindombre est un cheval qui possède une morphologie comme les autres chevaux. Mais se distingue par sa robe unique. En effet, c’est un cheval noir aux reflets bruns avec des yeux rouges vifs. Il ne galope pas plus vite qu’un autre cheval mais possède une santé qui se régénère très vite, ce qui en fait un cheval de combat idéal. Petite astuce : Si vous l’envoyez affronter un dragon, il se battra pendant des heures et ne pourra pas mourir. Le dragon, comme l’imbécile qu’il est, continuera donc de le mordre, de le brûler, et oubliera de vous attaquer. Ah l’héroïsme de Dovakhin… Que croyez-vous ? Il y a forcément des techniques pour atteindre le niveau 80 vous savez. Vous l’aurez compris, Crindombre a une santé de fer mais ne peut cependant pas résister à de grosses chutes. Si par malheur Crindombre venait à mourir dans votre partie, il renaîtra dix jours plus tard sur le lieu de sa mort. Par contre, si sa mort est dû à une noyade, vous le trouverez sur l’étang devant le sanctuaire de la Confrérie Noire près d’Epervine, lieu de sa première apparition.
Ablette

Et enfin, voici ma petite préférée personnelle, peut-être parce qu’il s’agit enfin d’une jument et non pas d’un étalon. Oui chez les animaux aussi, nous avons besoin de représentation féminine. Même si Ablette est le nom que Géralt de Riv, sorceleur, donne à tous ses chevaux, c’est bien la pouliche baie de The Witcher 3 : The Wild Hunt, qui marque plus généralement les esprits. Déjà parce qu’il y a une scène particulièrement poilante avec elle dans l’un des DLC, mais aussi parce qu’il y a pas mal de choses à faire avec cette fidèle « Mablette » comme aime tant l’appeler Bob Lennon. Déjà, comme dans Shadow of the Colossus et dans d’autres jeux précédemment cités, le personnage principal à savoir Géralt de Riv, l’homme le plus sexy de Kaer Morhen (pardonnez-nous), peut appeler sa jument par un sifflement afin qu’elle le retrouve. Et ce, même s’il vient de l’abandonner à l’autre bout du continent, sur une autre île, ou dans une grotte (nous passerons à côté de cette étrange logique géographique). Le joueur ou la joueuse a également la possibilité de devenir jockey. Calmez-vous rien à voir avec les « splendides » jeux Alexandra ni même avec les simulations dudit métier. Les courses de chevaux dans The Witcher 3 : The Wild Hunt, sont plutôt difficiles, la maniabilité du cheval restant à désirer. Néanmoins elles restent fun et, mine de rien, elles contribuent ce que le spectateur s’attache à la bête. D’autant qu’il est possible d’ajouter du matériel à Ablette pour améliorer son endurance, sa protection, ou tout simplement pour arborer un magnifique trophée comme une tête de griffon. Nous sommes désolé-e-s, mais au vu de la taille d’Ablette, il s’agit plus d’un double-poney qu’un véritable cheval.

En conséquence ?
De manière générale, nous constatons que le cheval dans le jeu vidéo reste avant tout un moyen de transport permettant d’explorer davantage l’univers d’un jeu, rapidement et efficacement. Et cela sans courir comme un-e bienheureux-se dans les vastes plaines désertiques ou dans des forêts, quand on ne peut se téléporter. (Comme j’avais tendance à faire au début de ma partie sur Horizon, jusqu’à ce que je découvre que les fameux « Galopeurs » étaient bel et bien des chevaux). De même, la présence du cheval permet d’apporter du contenu au monde créé. Grâce aux montures, ce dernier paraît beaucoup plus cohérent, complet. Il intègre en ce sens l’univers étendu. Et dans une ère vidéoludique qui privilégie de plus en plus les open world, et donc les vastes étendues, les cartes toutes plus grandes les unes que les autres, il est totalement logique que les protagonistes aient à leur disposition différents moyens de locomotion. À la joueuse ou au joueur de décider si elle ou il souhaite faire du rolepay avec ce qu’ils ont à disposition. Cependant, encore trop peu de jeux mettent en avant une véritable complicité entre le héros principal et son cheval. Et la jouabilité de celui-ci reste bien souvent à désirer. Et, hormis Shadow of the Colossus, trop peu de jeux réussissent à mettre en scène ce que peut réellement vivre un cavalier sur le dos de son cheval. À savoir l’impression de vitesse, de puissance, d’allure saccadée voire même de violence lors d’une chute. Car oui, tomber de cheval ça peut faire mal, et ça peut faire peur, pour le cavalier/ère mais aussi pour le cheval. De manière générale nous constatons néanmoins une nette amélioration en ce sens. Et nous pouvons espérer qu’à l’avenir les combats à cheval se bonifient. De même, que le cheval ne se contente plus d’être un simple moyen de locomotion et que les pratiques autour de l’animal se diversifient.