Cannes, Quinzaine des Réalisateurs 2015

[INTERVIEW 404] L'équipe du film "Trois Souvenirs de ma Jeunesse"

Quentin Dolmaire – Paul Dédalus (adolescent)

Quentin Dolmaire - Paul Dédalus (Adolescent)

1. Pour commencer, pouvez-vous vous présentez brièvement ? 

Bonjour, je suis Quentin Dolmaire, j’ai 21 ans, et j’ai interprété Paul Dédalus adolescent dans le film Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin. Je souhaite devenir un comédien/acteur depuis tout jeune, mais j’aimerais aussi me lancer plus sérieusement dans la musique et l’écriture (sous toutes ses formes). Pour le moment je suis en deuxième année professionnelle aux cours Simon, et j’aimerais continuer les études de formation du comédien le plus longtemps possible. Que dire de plus ? J’habite à Paris depuis un an et demi, mais j’ai grandi vers Dreux, à la campagne – à Richebourg plus précisément.

2. Comment s’est passé votre « recrutement » au sein de l’équipe de tournage ?

Mon prof de théâtre m’a parlé d’un casting pour un long métrage, un film réalisé par quelqu’un que je ne connaissais pas. Il a eu du flair ! Le recrutement ne s’est pas fait en une fois, j’ai d’abord vu le directeur de casting une première fois, et ce n’est que la deuxième fois, au bout de deux semaines, que j’ai rencontré Arnaud Desplechin et Lou par la même occasion. J’ai tout de suite accroché avec Arnaud, ou du moins je l’ai immédiatement apprécié. Il m’a donné envie de travailler. Il y a eu un troisième essai avec une autre fille (avec qui nous avons travaillé d’autres scènes). Puis nous nous sommes vus une dernière fois avec Arnaud et Lou. Nous étions dans la maison de l’assistant réalisateur, ils avaient tous de grands sourires, ils nous avaient déjà envoyé le scénario depuis quelques jours… Ils nous avaient en fait déjà choisis pour interpréter les deux rôles.

3. Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ou plu dans ce film ? Son histoire, son réalisateur ?

Ce qui m’a surtout motivé c’était le personnage, Paul Dédalus. C’était un défi pour moi d’interpréter un tel personnage, ça me stimulait beaucoup, ça remettait en question tout ce que je savais du jeu d’acteur et ça bousculait mes certitudes. Ça me demandait d’être à l’extrême limite de l’assurance qu’il faut avoir pour tenir un personnage. Ensuite, au delà du personnage, les textes difficiles m’ont attiré. J’aime me retrouver devant un machin a priori compliqué/indéchiffrable pour pouvoir, ensuite, retrouver une liberté de jeu. C’est quelque chose qui me fascine – et dans un second temps, m’amuse – de voir jusqu’où le texte peut m’emmener. Les contraintes du texte qui deviennent des points de repère, puis des socles sur lesquels le comédien peut enfin s’appuyer pour délivrer quelque chose de personnel. Pour finir, c’est la rencontre avec Arnaud qui m’a stimulé. Je n’était pas cinéphile et je n’aimais pas son cinéma. Par contre j’adorais l’homme qu’il y avait derrière les films, derrière les dialogues et derrière le scénario. J’avais tout à apprendre de lui pour construire Paul, pour comprendre ce qu’était son cinema et, plus logiquement, pour comprendre sa vision des choses. Le relationnel compte beaucoup pendant le tournage.

4. Comment était l’ambiance sur les plateaux, avec M. Desplechin, entre vous et avec l’équipe technique ?

Il y avait une très bonne ambiance. J’ai le souvenir de gens professionnels, assidus, passionnés et de bonne volonté. Avec le recul, je me rends compte que tout le monde avait l’air très content d’être sur ce projet, tout le monde était à 200%. Quand je dis ça, je pense beaucoup à l’équipe technique. Entre les acteurs, on était tous solidaires. C’était le premier tournage pour quasiment tout le monde, du coup on était très proches. Il y avait un coté colo, on se soutenait les uns les autres, on partageait nos inquiétudes, nos expériences… Avec Arnaud c’était différent, j’avais peur de ne pas être au niveau, lui il faisait preuve de beaucoup de bienveillance, de sérieux, d’écoute… Il était très moteur sur le tournage. Nous avons eu assez peu de discussions, mais presque à chaque fois, c’était des échanges fructueux qui m’ont marqué. Nous avons dû, je pense, apprendre de l’un et de l’autre pour construire Paul. Et puis avec la différence d’âge, c’était compliqué de discuter et de se retrouver sur des sujets… Nous avions tous les deux l’envie de se connaître, mais nous étions tous les deux maladroits et timides. Ça devait être comique !

5. Le tournage a-t-il parfois été difficile ? Long ? Amusant ? Quel est votre meilleur/pire souvenir ?

Le tournage a été difficile, j’ai pris le projet très a cœur, et le personnage me donnait du fil à retordre. Ça ne veux pas dire que je ne me suis pas amusé, bien au contraire. Simplement, ce labeur témoigne, je pense, du travail accompli. Je ne pense pas que j’aurais fais du bon boulot si je n’avais pas rencontré de difficultés. Le tournage a effectivement été long pour moi (32 jours de tournage), vers la fin je commençais à en avoir marre. Je ne me doutais pas de ce qu’était un tournage, c’était ma première expérience. Au théâtre, on joue son personnage pendant 1h30 sur scène et après c’est fini. Au cinéma, on côtoie son personnage pendant deux mois, on se familiarise avec les décors (qui sont des lieux qui existent déjà). Pendant deux mois, il faut porter son personnage tous les jours. C’est quelque chose que je n’avais pas compris avant le tournage, et je ne m’étais pas préparé à ça. Ça demande un travail en plus. C’est très intéressant de voir jusqu’où peut aller le métier, on comprend mieux pourquoi les techniques d’acteur studio sont apparues. Sinon, je me souviens d’un fou rire avec Raphael Cohen (qui joue mon frère), pendant la scène où il m’apprend qu’il veut cambrioler une banque. Les dialogues sont marrants, Raphael me fait rire. C’est un très bon souvenir. Il y a aussi la première scène avec Lou, la scène de rencontre/drague de Paul et Esther devant le lycée. J’adore les dialogues, j’étais super content de jouer avec Lou (je n’avais pas joué avec elle depuis les castings). Les scènes de lit sont mes pires souvenirs. Tout le monde est gêné, personne ne sait comment réagir pour rassurer l’autre…

6. Le film était nommé à la quinzaine des réalisateurs à Cannes, et vous avez même remporté le prix SACD. Comment avez vous vécu ce séjour à Cannes et ces récompenses ?

À Cannes, je m’attendais à quelque chose de plus coincé et je croyais que je n’allais pas beaucoup m’y amuser. Je me suis complètement trompé ! Il y a une ambiance unique, une euphorie terrible, et en même temps, quelque chose de très décontracté et même de bon enfant. Après, nous n’étions pas en sélection officielle, nous n’avions pas la même pression. La quinzaine des réalisateurs c’est vraiment sympa, on sent qu’on a affaire à des passionnés qui sont d’abord là pour le cinéma. Encore une fois, je ne sais pas si ça se passe comme ça en sélection officielle.

7. Avez-vous des projets à venir ensemble, séparément ?

A priori je n’ai pas de projet avec les autres. J’attends de voir la suite, j’aimerais continuer dans le cinéma mais je ne veux pas lâcher le théâtre. Il y a des projets d’écriture et des projets musicaux que je voudrais entamer, mais je n’en ai pas le temps… Concrètement, je n’ai pas de projet en ce moment. J’espère passer des castings pendant les grandes vacances.

8. Comme on est sur Error404 et qu’on aime tout ce qui est multimédia, on va vous poser quelques questions plus personnelles à chacun… Quel est votre film préféré ?

Mon film préféré ? Control, de Anton Corbjin. Le biopic de Ian Curtis. Il y a aussi Les Visiteurs. Mia Madre de Moretti qui était en sélection officielle à Cannes m’a marqué, j’en ai encore un souvenir très clair. Un vrai coup de cœur.

9. Votre musique/groupe préféré ?

Pour ce qui est de la musique, j’ai envie de dire Kickback. Mais c’est vraiment un choix parmi une trentaine de groupes (Burzum, MC Circulaire, Doc Gyneco, Joy Division, Noisuf-x, Gojira, Stromae, Depeche Mode…)

10. Votre série préférée ?

Ma série préférée… Kaamelott. Sans hésiter ! (parce que c’est la seule que je regarde).

11. Votre livre préféré ?

En littérature, j’ai découvert L’idiot de Dostoïevski (offert par Arnaud d’ailleurs). Mais j’ai aussi envie de parler des essais de G.K Chesterton : Le Paradoxe Ambulant. Ou encore Propos sur le Bonheur d’Alain.

Même si c’était pas dans la question, et comme vous aimez le multimédia chez Error404, je vous donne ma BD préféré : Achille Talon.

Error404 : On accepte aussi les BD dans nos réponses, pas de soucis ! 😉
12. Pour finir, votre jeu vidéo préféré ?

Mon jeu vidéo préféré… Je pense à la série Kingdom Hearts, ou à Pokemon. Je ne suis pas un gamer, mais je suis sûr que j’aurais adoré Shadows of Colossus sur PS2 (je n’y ai jamais joué).

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2 Comments

  • C’est « le portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, et non « le Portrait » de Dorian Gray 😉
    Cheers

    • Oui c’est exact ! L’actrice n’a précisé l’auteur du livre que sur son premier exemple, mais pas sur les trois suivants ;), je vais les ajouter pour plus de clarté ! Merci à toi ! 🙂

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